Pentecôte : l’Esprit descend sur les disciples, les fait sortir dans le monde, parler en langues étrangères, il les dirige dans le contenu de leurs paroles. Nous assistons à une inspiration. Elle se propage comme une flamme. Les disciples sont inspirés et deviennent inspirants pour celles et ceux qui les écoutent.
L’inspiration prophétique
L’inspiration est ici insaisissable, comme le feu, mais aussi unidirectionnelle. Elle n’engage pas de débat. Elle est « prophétique ». Quelqu’un, inspiré par Dieu, me fait face et me parle en son nom. Ce type d’inspiration utilise des médiateurs mais aussi les signes et les miracles. L’inspiration prophétique est celle que nous cherchons naturellement lorsque nous sommes soumis à la nécessité. Nous espérons l’intervention salutaire d’un lointain qui se rend proche, une parole juste, une guérison. Elle a ses dérives. Nos Églises, prudentes, attachent l’inspiration prophétique non à une personne mais à une fonction, une place dans le temple, un temps dans la célébration du culte par la communauté.
« Maître d’œuvre à ses côtés »
Le chapitre 8 du livre des Proverbes révèle une autre figure de l’inspiration. La Sagesse dit :
Quand l’Éternel affermit les cieux j’étais là,
quand il traça un cercle à la surface de l’abîme,
quand il condensa les nuées d’en haut quand se gonflèrent les sources de l’abîme,
quand il assigna son terme à la mer, – et les eaux n’en franchiront pas le bord –
quand il traça les fondements de la terre,
j’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre,
je faisais ses délices jour après jour,
m’ébattant tout le temps en sa présence
m’ébattant sur la face de la terre et trouvant mes délices parmi les enfants des hommes.
La Sagesse se présente comme inspirante. Au côté de Dieu, elle est « maître d’œuvre », le mot utilisé est construit sur la même racine que « amen », il appartient à une pensée du dialogue et de la confiance. Le maître d’œuvre est la personne fiable qui construit ce qui fait tenir la vie. Comme dans le Prologue de l’Évangile de Jean, toute la Création surgit d’un partage confiant, côte à côte, face à face, où circule l’inspiration, sans contrainte. Ici l’image est celle d’un enfant qui joue. Le Créateur trouve ses délices dans les ébats de la Sagesse, et la Sagesse trouve ses délices parmi les humains. De cela nous avons un brin d’expérience, car « maîtres d’œuvre au côté du Créateur », nous pouvons tous l’être. Chaque fois que nous souhaitons être utiles sans quémander le regard des autres, chaque fois que nous entreprenons librement une œuvre du côté de la vie – dessiner une fleur du printemps, écrire à un ami – nous nous sentons vivants, à notre place sur terre, justifiés, parce que nous nous disposons sans le savoir exactement dans la disposition de la Sagesse par rapport au Créateur – maîtres d’œuvre à ses côtés – et souvent – est-ce un hasard ? – nous y trouvons une plénitude, un vrai délice…