Dans les hymnes, les prières et les confessions de foi des Eglises, le langage s’est figé. Ainsi, la tradition nous a légué des formules de foi qui n’ont plus de sens. C’est le cas de la notion de sacrifice: elle pose problème parce que nous ne connaissons plus les rites sacrificiels dont elle s’était inspirée à l’origine. La plupart du temps, l’usage du terme est superficiel et ironique: on dira par exemple qu’on se sacrifie pour finir un plat !
Pour comprendre en quel sens la mort de Jésus-Christ est un sacrifice, il nous faut chercher le sens actuel de cette notion. Dans le Nouveau Testament, et notamment dans les textes de l’apôtre Paul, ce langage sacrificiel est un langage parmi d’autres.
Une histoire de sang
S’inspirant du livre du Lévitique, l’épître aux Hébreux affirme (9,22): «Sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon». Il en résulte des images sanguinolentes du crucifié: il fallait qu’il verse son sang innocent pour nous sauver. Nous devons prendre de la distance avec cette espèce de « magie » du sang qui expie le mal. Dans la pensée hébraïque, le sang est un principe de vie. Lorsque le sang d’un animal est répandu sur l’autel, c’est pour symboliser qu’en rétablissant la relation entre Dieu et son peuple, on réaffirme la vie contre la mort. […]