Jésus, le sportif de Dieu
Remarquons tout d’abord que Jésus n’a cessé de marcher. De Nazareth à Jérusalem, puis à Jéricho, sur les chemins de Judée, de Samarie, de Galilée, il était toujours « en route » pour rencontrer ses contemporains. Ces marches étaient d’ail- leurs l’occasion de grande discussion, comme s’il fallait que le corps soit sollicité pour que l’âme puisse être plus alerte. La marche était l’occasion de discussions en groupe, ou de rencontres individuelles, l’occasion surtout de rencontrer les gens, de les relier les uns aux autres, de leur faire vivre une fraternité réelle. Je pense que c’était juste- ment l’intention de Pierre de Coubertin lorsqu’il a redonné vie aux Jeux Olympiques : créer du lien.
Jésus, un sélectionneur surprenant
Nous savons combien il est difficile pour un sélectionneur de rugby ou de football de consti- tuer une équipe performante. Il faut parfois se résoudre à écarter des individus très performants pour préserver l’esprit d’équipe. Il faut aussi travailler la complémentarité, la différence. Dans ce domaine, Jésus est le modèle absolu. Personne n’aurait pu y croire lorsqu’il a choisi les 12 apôtres. Cela nous rappelle les critiques subies par Aimé Jacquet juste avant la Coupe du monde 1998. Personne n’y croyait. Concernant Jé- sus, il a réussi à former une véritable équipe avec une bande de bras cas- sés. Celle-ci rassemblait des résis- tants à la puissance romaine comme Simon le Zélote, des collaborateurs comme Matthieu, des pécheurs comme Pierre et André, des intellectuels comme Barthélémy, des hyper actifs comme Thomas ou encore des contemplatifs comme Jean.
Jésus, un entraîneur charismatique
C’était explosif et finalement à force de patience, de pédagogie, d’encouragements et de corrections, Jésus a été un véritable en- traîneur, un vrai leader. Il avait une vision claire, qu’il a dévoilée petit à petit. Il avait un rôle à confier à chacun, parfois à la surprise de tous. Il savait très bien où il allait, mais sur- tout il aimait ceux qu’il avait choisis. Il se donnait lui-même, allant jusqu’à tout donner. Il leur a montré la voie, en s’y engageant lui-même : « Pour aller où je vais, vous connaissez le chemin […] Je suis le chemin. » (Jean 14.4-6). Il était donc hautement crédible. Comme je souhaiterais que tous les entraîneurs ressemblent à Jésus… Ils sont trop focalisés sur la compétence technique et pas assez sur l’esprit d’équipe, l’amitié entre les joueurs, les temps fraternels pour qu’ils se connaissent mieux, qu’ils apprennent à s’aimer, à se donner, à donner leur vie les uns pour les autres, pour le groupe. Le plus grand miracle que Jésus ait accompli, c’est l’Église. Celle-ci a commencé avec ce groupe d’apôtres sur lesquels personne à l’époque n’aurait misé.
Jésus, un fédérateur
Avec son équipe, les apôtres et tous les disciples, Jésus s’est entou-é de compétences extraordinaires. Dans le contexte sportif, je dirais qu’il y avait l’équipe resserrée : les 12, et le staff : les autres disciples. Il ne faut pas négliger tous les autres, ceux qui sont un peu dans l’ombre mais sans lesquels la victoire est impossible. Et puis, il y a aussi les supporters. Imaginez-vous que l’extraordinaire victoire de la Pentecôte a suscité un engoue- ment tel que, 2000 ans après, les « tifosis » de cette « squadra » sont plusieurs milliards. Tout cela parce que Jésus, avec ses apôtres et ses disciples, est allé au contact des gens. Il les a respectés, aimés, servis. Cette équipe, Jésus l’a constituée pour eux, pour leur bonheur, pour que le monde soit sauvé !
Vous comprenez pourquoi je suis heureux que l’Église d’aujourd’hui soit au contact des réalités du sport, dans les compétitions internationales comme dans les clubs amateurs, qu’elle soit attentive aux sportifs du dimanche comme à ceux qui sont devant leur télévision à l’occasion des grands événements. Parce que Jésus nous a montré l’exemple, parce qu’il s’est invité dans la vie des gens, aux périphéries. Nul doute que s’il s’était incarné aujourd’hui, il serait allé au stade comme il est allé à Capharnaüm, pour révéler à tous l’amour infini du Père, pour leur annoncer le salut.
Par Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque de Digne