Il existe, dans les évangiles, une grande quantité d’éléments qui permettent de confirmer ce point avec une bonne assurance.
Ces sentences, dont le caractère péremptoire n’a pu passer inaperçu, ne proviennent pas du présent auteur ; elles viennent d’un certain nombre de chercheurs spécialistes de la Judée du temps de Jésus et sont parfois très récentes. En effet, le débat sur l’identité du « Jésus historique » n’appartient pas au passé, et plusieurs chercheurs estiment que ce maître galiléen était hostile au pouvoir romain et aux élites juives qui, main dans la main, exploitaient, oppressaient, opprimaient, un peuple de plus en plus pauvre. Proche de la petite paysannerie déclassée, il aurait eu à cœur le rétablissement de la justice divine2.
Le projet de cet article n’est pas de réexaminer verset par verset les évangiles, afin de relever toutes les occurrences d’un Jésus pacifiste revendiquant un « royaume de Dieu » qui « n’est pas de ce monde » (Jn 18.36). Cette tâche est en général discréditée ; elle passe pour idéologiquement biaisée et purement réactionnaire. C’est à un autre travail que l’on se propose de se livrer : celui de relever, dans cette théorie, un certain nombre d’erreurs historiques. Le lecteur, à l’issue de cet examen, pourra se faire son opinion sur la validité de ce qu’il en reste.
Une oppression fiscale ?
Il est significatif que, même parmi ceux qui voient en Jésus un pacifiste, quelle que soit la variante de leur « Jésus historique », beaucoup d’exégètes et de biblistes situent l’action dans une région paupérisée et opprimée. Il est vrai que cette image, d’origine très ancienne, est prégnante dans notre imaginaire ; il est vrai aussi que ces divers travaux visant à soutenir la thèse d’un Jésus […]