Sur quoi portent les premières réflexions de Barth ?
CHRISTOPHE CHALAMET Cela commence avec la Première Guerre mondiale. Karl Barth se dit que Dieu est Dieu et l’homme est homme. Ou plutôt, Dieu est Dieu et le monde est monde. Il trouve que la théologie dans laquelle il a été formé confondait à certains égards Dieu et l’homme. En effet, au début de la Première Guerre mondiale, Dieu était souvent mis au service du projet de guerre allemand. La plupart de ses professeurs n’avaient aucun problème à instrumentaliser le christianisme. Barth a donc commencé par vouloir distinguer les deux sans forcément les séparer.
Le principal cliché sur Barth ?
C’est que le Dieu de Barth est le «Tout- Autre». Mais Barth va évoluer sur ce point. Même dans sa théologie du début des années 1920, période durant laquelle il écrit le commentaire de L’Epître aux Romains, son intérêt n’est pas uniquement de parler de l’altérité de Dieu. Ce qui l’intéresse, c’est de parler de la rencontre de Dieu avec l’être humain et avec le monde. Son but n’est surtout pas de déplacer Dieu dans un au-delà. Dans les années 1940 et 1950, il mettra l’accent sur l’humanité de Dieu plus que sur sa divinité. Pour le théologien, Dieu nous rejoint dans notre humanité en Jésus de Nazareth. C’est le message décisif de Karl Barth.
Voulait-il remettre l’homme à sa place ?
Il refuse toute glorification de l’être humain. Nous sommes loin de la vision rousseauiste ou moderne de l’être humain qui peut s’auto-réaliser grâce […]