Par Fabienne Ambs-Szafarczyk, pasteure en montagne des Cévennes.
Ce mot à la mode est utilisé fréquemment dans le milieu du développement personnel et de l’accompagnement. Il y a aujourd’hui une injonction à la bienveillance dans le management des équipes de travail, particulièrement dans les milieux de soins. Avant de répéter à l’envi des mots qui en deviennent creux, vidés de leurs sens, j’aime faire un petit dé- tour par la Bible. Surprise ! Suivant la traduction utilisée ce mot se retrouve plus ou moins fréquemment dans l’AT. Car le mot hébreu qu’on traduit par bienveillance, hesed, a aussi le sens de « fidélité, grâce, riche en bonté, ou compatissant ». C’est donc toutes ces significations qui sont sous-tendues, cachées dans le mot bienveillance. C’est la façon d’être de Dieu avec son peuple. La bienveillance trouve sa source en Dieu. Il est le Bienveillant. Je suis au bénéfice de cette bienveillance, ma vie y trouve son sens. Alors, bien sûr, comme le recommande Paul aux communautés, elle doit transparaître dans les relations qui se tissent les uns avec les autres, d’autant que la bienveillance fait partie des fruits de l’Esprit (Galates 5,22). Je la caractériserai d’abord par un changement de regard comme l’exprime si justement la prière que les sœurs de Pomeyrol disent aux complies : « Prions pour tous ceux qui nous sont confiés, plaçons-les dans Sa lumière, afin de les voir comme Il les voit…». Il s’agit d’emprunter le regard de Dieu quand je regarde mon prochain. C’est aussi une attention humble aux petites choses de la vie sachant les partager en toute simplicité ; les petits riens du poème d’Irène Mercoiret :
« Les petits riens qui font du bien / C’est trois fois rien.
Un déjeuner au creux du jour,
Un sourire, un joyeux bonjour.
Trois grands pas sur la colline
Dans le vent, un petit signe.
Un mot, un accueil affable
Ouvrent toujours le passage.
Trois capucines et une rose
C’est là que le cœur se pose. »
Je vous le dis : ce n’est rien de bien compliqué, une simple ouverture de cœur vécue dans la disponibilité.