« La désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi jugée inique, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique ». Une idée qui n’est pas nouvelle. Pourtant, récemment, l’actualité internationale nous en a donné un exemple frappant à travers la situation dramatique de ces femmes afghanes ou pakistanaises qui ont eu les lèvres ou le nez coupés par leur mari, après avoir fui la violence ou dénoncé la maltraitance dont elles étaient victimes… autrement dit, pour avoir refusé l’oppression et la loi du silence dictée par des hommes.
Pas besoin d’être un prophète, pour constater que, dans ces pays, des hommes utilisent le nom de Dieu pour imposer leur pouvoir sur des femmes et légitimer une forme de domination inacceptable car fondée sur la peur. À travers nos yeux occidentaux, ces événements scandaleux nous paraissent tout bonnement « incompréhensibles ». Mais, nous oublions parfois que, chez nous, des femmes (et des hommes) ont aussi dû se battre et faire de la résistance, pour conduire notre société à plus de justice et de liberté.
La foi d’une femme
Cette actualité – toute proportion gardée – peut nous faire penser à un récit évangélique : celui de la rencontre entre la femme à la perte de sang et Jésus (cf. Mc 5, 25-34). La réponse finale « ta foi t’a sauvée… » nous montre la confiance totale de cette femme à l’égard de Jésus. Elle a cru en lui plutôt qu’en une loi ; elle a cru que Jésus pouvait changer sa vie, et elle a eu raison ! Mais, ce qui est véritablement étonnant dans cette rencontre, c’est la réaction du Messie. Alors que cette femme est considérée comme une « impure » contagieuse, une paria, à cause de ses pertes de sang… alors qu’elle transgresse la loi, de façon secrète, pour arracher une guérison, en touchant Jésus…
Le Maître, lui, va approuver son geste audacieux et libérateur, en la renvoyant en paix. Mais il le fait de façon à rendre son geste public. C’est là un aspect particulièrement intéressant ! Alors que cette femme désobéit à la loi (celle du Lévitique), Jésus choisit de rendre public son geste de transgression, pour changer les mentalités et mettre à jour l’injustice de la loi lorsqu’elle est appliquée sans discernement, de façon « pure et dure ».
Dénoncer l’injustice
Lorsqu’une loi exclut une catégorie de personnes et qu’elle le fait de façon durable (c’était le cas de cette femme à cause de ses saignements continus), elle participe à une situation d’isolement, de souffrance et d’injustice, sans aucun espoir de changement. La solution : Jésus nous la donne. Il nous revient d’approuver publiquement le geste de désobéissance civile de cette femme, comme celui des femmes afghanes ou pakistanaises. Certes, ces dernières n’ont pas trouvé la figure du Christ face à elles, mais celle de la réprobation et de la vengeance. Elles ont dû payer le prix de leur émancipation juste et courageuse. Mais, raison de plus pour ne pas nous taire ! « Protester pour Dieu et protester pour l’homme », c’est crier et dénoncer l’injustice là où elle s’exerce, y compris là où elle se sert de la loi (celle de Dieu ou celle de l’homme) pour exclure ou dominer les plus faibles ! Alors, à côté de nos prières discrètes et intimes, osons donner de la voix et de la visibilité à nos convictions, en approuvant tous les gestes de foi qui libèrent l’humain de ses enfermements !