Le premier chapitre du Nouveau Testament est une généalogie qui part d’Abraham pour aboutir à « Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, celui qu’on appelle le Christ[1]. » Les généalogies de la Bible ne sont pas scientifiques pour définir des filiations rigoureuses, elles sont théologiques pour dire un Dieu qui se révèle à travers la cascade des générations et la relecture de notre histoire.

La liste des ancêtres de Jésus se termine par le verset qui dit : « Le nombre total des générations est donc : quatorze d’Abraham à David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la déportation de Babylone au Christ[2]. » Le découpage de l’histoire en trois périodes de quatorze générations a une signification symbolique. Pour Matthieu, l’histoire d’Israël peut se décomposer en trois parties.

Une première partie, ascendante, va d’Abraham à David. Ce dernier est le signe de l’accomplissement de la promesse faite au patriarche d’une terre et d’une descendance. Le règne du roi David, au Xe siècle avant notre ère, marque un apogée lorsque les descendants d’Abraham forment un peuple avec un territoire, un roi, un palais, une armée, une administration, et bientôt un temple. Mais qui dit apogée dit début de la descente et, dans les quatorze générations qui suivent, le peuple va tout perdre pour connaître un point bas au moment de la chute de Jérusalem en 587 avant notre ère. Les descendants d’Abraham sont redevenus un peuple de déportés envoyés en exil.

Quatorze générations de croissance et quatorze générations de décroissance… cela rappelle le cycle de la lune qui croît pendant quatorze jours avant de connaître une même période de décroissance. Dans la généalogie, les quatorze générations qui vont ensuite de la déportation à Babylone jusqu’au Christ désignent un nouveau point haut. Ce dernier se situe sur un sommet équivalent à celui occupé par David, comme signe d’un autre accomplissement de la promesse faite à Abraham.

Les femmes de la généalogie de Matthieu

La généalogie de Matthieu est patrilinéaire, elle égraine les noms de quarante pères… et de quatre mères. Qui sont ces femmes qui sont honorées dans l’évangile ? Une incestueuse, Tamar ; une prostituée, Rahab ; une étrangère, Ruth ; et une adultère, Bethsabée. Elles n’ont pas été des modèles de vertus, mais des combattantes de la vie. Elles annoncent un évangile de grâce dans lequel il arrive que des femmes de mauvaise vie qui ont été généreuses soient plus considérées devant Dieu que les bons religieux.

[1] Mt 1.16.

[2] Mt 1.17.