Au cours des veillées de Noël ou lors du culte de Noël, nous aurons tous l’occasion de lire et de méditer les récits de l’enfance de Jésus, avec les mages et les bergers. Des récits fantastiques, dans tous les sens du terme ! Ils ont bercé notre imaginaire et construit notre foi.

Les mages

C’est dans le récit des mages qu’est utilisé pour la première fois dans le Nouveau Testament le mot « joie » : « Ayant vu l’étoile, ils se réjouirent fortement d’une grande joie » (Mt 2,10). La phrase est difficile à traduire. Elle déborde de mots synonymes, comme pour bien signifier le trop plein d’émotions qui travaille, traverse les mages. Ils se réjouissent mais intensément, profondément. C’est tout leur corps, tout leur être qui vibre et tressaille.

Et cette joie qu’ils ressentent n’est pas banale : c’est une « grande joie ». Une joie spéciale, extraordinaire. Une joie comme on en ressent rarement. Hormis, sans doute, lors des naissances de nos enfants. Et, justement, il est question de naissance. Les mages éprouvent cette « grande joie » quand ils arrivent, guidés par l’étoile, à la hauteur de la maison où Marie vient de donner naissance à son fils, Jésus.

Les femmes

Cette expression n’est pas unique dans le Nouveau Testament. Si elle se trouve au tout début de l’Évangile de Matthieu, dans les récits de l’enfance, elle apparaît également à la fin de cet Évangile, dans les récits de la résurrection : « Prenant la parole, l’ange dit aux femmes : Vous, n’ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici ; en effet, il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché, et allez vite dire à ses disciples qu’il s’est réveillé d’entre les morts. Il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez. Voilà, je vous l’ai dit.
Elles s’éloignèrent vite du sépulcre, avec crainte et avec une grande joie elles coururent porter la nouvelle aux disciples » (Mt 28,5-8).

Les femmes apprennent de la bouche de l’ange la résurrection de Jésus de Nazareth. Elles éprouvent alors, à cet instant, la vive, l’intense joie qui secouait les mages. Dans l’un et l’autre texte, la « grande joie » est en lien avec Jésus. D’un côté, sa naissance, sa vie qui pointe et qui dessine au monde un horizon nouveau. Et, de l’autre, la résurrection du Christ, la vie plus forte que les puissances de mort, quelles qu’elles soient.

Nous

Par cette expression rare mais dense, Matthieu veut nous indiquer que cette « grande joie » est pour chacun et chacune d’entre nous. Elle ne se décrète pas. Elle se reçoit. Comme un cadeau à Noël, issu de Pâques. Elle est la conséquence de la présence du ressuscité en nous. Par elle, nous pouvons « nous réjouir dans le Seigneur en toutes circonstances » (Ph. 4,4).

Même si nos jours sont difficiles, même si nous connaissons l’épreuve de la maladie, de la séparation, du deuil, du conflit, même dans nos pleurs et nos larmes, la « grande joie » du Christ peut nous saisir. Aussi
paradoxal que cela puisse être. Alors oui, pour ce Noël, que nous puissions tous vivre à temps et à contretemps de la « grande joie » donnée par notre Seigneur, l’Emmanuel.