Pour commencer, comment répondre à la question sous-jacente qui surgit aussitôt, question que pose Pilate à Jésus : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jean 18.38).

Du point de vue biblique, le terme hébreu èmèt n’exprime pas tant l’idée abstraite et intellectuelle de vérité que celle de soutien, de fiabilité, de confiance, de fidélité. C’est dans ce sens que la Bible hébraïque emploie 126 fois ce terme èmèt, issu du radical âmin qui signifie « être ferme ». Lorsque nous disons âmen, nous déclarons : « Je reconnais que la parole qui vient d’être dite est fiable. »

Appliqué à des personnes, ce mot exprime ce qui prédomine dans leur parole, leur action, leur pensée : un ish èmèt est un homme véridique qui construit sa vie sur des bases solides, qui pose des gestes qui sont sincères, dont les paroles sont vraies. Mais dans la Bible hébraïque, la vérité est surtout associée au Dieu d’Israël. C’est l’essence même de Dieu qui est èmèt et la proposition inverse est tout aussi vraie : èmèt a son essence en Dieu.

« Tu aimes la vérité » dit le psalmiste (Ps 51.8), et cette « vérité » de Dieu engage celle de l’homme. « Celui qui dit la vérité en son cœur peut habiter la montagne de l’Éternel » (Ps 15.2). Autrement dit, l’homme dont la conscience est orientée vers la vérité règle sa vie en accord avec Dieu, d’où la formule biblique surtout présente […]