Le dernier livre de la Bible est une apocalypse. Le mot signifie révélation ou dévoilement. Il renvoie à un style littéraire souvent utilisé dans la littérature juive d’après l’exil et au commencement du christianisme. Il décrit des événements cosmiques comme la chute des étoiles, le bouleversement de la création ou les armées d’anges pour annoncer le jugement de Dieu sur les nations.
Le livre qui clôt le Nouveau Testament a été écrit à la fin du Ier siècle par un certain Jean qui est un disciple qui bénéficie d’une certaine autorité dans les Églises d’Asie. Il a été envoyé en exil sur l’île de Patmos, probablement à cause de Domitien qui a déclenché une terrible persécution contre les chrétiens. Il est la victime de la folie d’un tyran qui se prend pour Dieu et qui veut que tout lui soit soumis, non seulement les corps, mais aussi la pensée et les âmes de ses sujets.
L’Apocalypse est une littérature de résistance qui utilise un langage codé pour annoncer son message. Elle parle de la grande Babylone pour évoquer Rome, de la bête pour parler de l’Empire romain et de l’agneau pour désigner le Christ.
Le thème général du livre est la confrontation entre l’Empire romain qui est au sommet de sa puissance et l’Église qui est encore une toute petite communauté bien fragile. Les forces en présence sont disproportionnées. D’un côté l’empereur dont le pouvoir s’étend sur trois continents, qui a une armée puissante et organisée et dont la richesse n’a pas de mesure ; de l’autre, une petite Église dont l’emblème est un agneau immolé.
Les images sont parfois embrouillées, mais le message du livre est clair : le dragon et la bête ravagent la terre, mais à la fin, l’agneau immolé est plus fort qu’eux. Un agneau vainqueur d’un dragon ? Ce message est insensé, mais lorsque nous le lisons avec dix-neuf siècles de recul, nous sommes obligés de reconnaître qu’il est vrai. Cela fait bien longtemps que l’Empire romain a disparu alors que l’agneau est toujours célébré, tous les dimanches, dans des millions de lieux sur toute la terre.
L’espérance comme résistance
Le livre de l’Apocalypse est d’un accès parfois difficile, et ce n’est pas étonnant, car le cœur de son propos évoque le mystère du mal qui est insaisissable. Pourquoi les chrétiens qui font le bien sont persécutés ? Pourquoi le Seigneur laisse-t-il les oppresseurs répandre leur œuvre de mort ?
Le livre appelle à la résistance de l’espérance. Le mal est fort, le mal est puissant, mais nous pouvons le regarder en face, car il a été vaincu à la croix. La victoire finale est un puissant encouragement pour une Église persécutée.