Par Valérie Mali, pasteure à Bordeaux.
Si dilemme il y a, c’est bien celui du dimanche matin ! À quoi et à qui consacrer le temps dominical ? Aux loisirs, au bien-être d’une grasse matinée, aux sports ou… au culte ? Il va de soi que les trois premiers ont entamé sérieusement le quatrième. Dans nos vies abondantes et débordantes, le culte ne tient pas la première place ! Mais en cela, ne sommes-nous pas fidèles à un principe protestant : notre existence entière doit être consacrée à Dieu et cela ne peut se limiter au culte. Faut pas rêver, oserais-je ajouter ! Reconnaissons que la dictature du temps ne laisse guère de place au culte dominical. Mais, inversement, reconnaissons que le culte est l’occasion d’un ressourcement, loin de nos agitations du monde : une occasion rare nous est donnée pour reprendre souffle ensemble. Oui et non, car un culte ne peut être vécu hors du monde : la prière communautaire est habitée par la dimension spirituelle et sociale. Le culte est le lieu où nous nous rejoignons avec ce que nous sommes et tels que nous sommes, ensemble devant Dieu.
Un rendez-vous heureux
Si nous pouvons identifier les causes d’une certaine « désertion », qu’avons-nous à proposer pour renverser la tendance ? Regarder ce qui se passe chez le voisin pour y pointer les dynamiques : est-ce vraiment ce que nous voulons et pouvons ? Continuer à faire des bilans, trouver des trucs plus adaptés à l’air du temps : mais jusqu’à quand pourrons-nous nous dispenser des autres et de Dieu ? Être Église ensemble, nous le sommes et nous le sommes aussi à travers le culte, temps essentiel pour un partage intergénérationnel, en lien communautaire où nous choisissons d’assumer la Bonne Nouvelle et d’en rendre témoignage. Une communauté riche de ses différences où l’on partage ce que l’on a reçu, « par un acte liturgique où s’entend le bruissement des pas de Dieu au cœur du monde » : voilà ce qui vaut la peine d’essayer. Le culte, comme un rendez-vous heureux qui raconte le visage d’une communauté où résonne en parole et en gestes la fraternité de l’Évangile. Un instant de grâce qui s’offre à nous sans contreparties sinon notre présence, la joie de la rencontre, celle du partage, un temps suspendu de plain-pied dans nos solidarités. Ni langue de bois, ni langue de toc, il revient à chacun de s’accueillir mutuellement, de prendre sa place pour vivre ensemble le culte « en Esprit et en Vérité » et s’extraire de la fatalité de notre « pauvrette Église », en rendant grâce de la présence de Dieu et de chacun dans nos vies.