«Dieu, c’est l’absent qui suscite l’angoisse de l’homme. L’angoisse est la marque de Dieu en l’homme (…). C’est par son angoisse que l’homme porte en lui l’image de Dieu.» La riche réflexion d’Alain Houziaux sur le livre de Job invite à creuser le paradoxe de la foi puisque «la foi, c’est croire que Dieu est autre que ce que l’on croit à son sujet», un Dieu «pour rien» et «sans pourquoi» sur lequel butent nos raisonnements, «une Bonne nouvelle à recevoir comme une délivrance mais aussi une éthique et un art de vivre».
Dans ce livre pédagogique et stimulant (1), Alain Houziaux se saisit de la figure de Job pour nous inviter à penser Dieu de manière iconoclaste. Il nous permet d’élaborer des raisonnements sur Dieu – après tout, ce qu’est censé signifier le terme théologie – alors qu’il est si courant de le dire impensable, soit en raison de son caractère tout autre et donc pas accessible à notre entendement (ou alors par la figure de Jésus), soit parce qu’il se résumerait à une relation personnelle et ineffable, donc impossible à généraliser dans une réflexion. L’auteur se saisit à bras le corps de ce paradoxe qu’il pointe lui-même: «La foi, c’est croire que Dieu est autre que ce que l’on croit à son sujet. Il y a là un curieux paradoxe qu’il faut souligner. La foi c’est dire: je crois en un Dieu autre que celui auquel je crois» (p.122). Pour lui, le Dieu dont nous parle Job – et qui se poursuit dans le Nouveau Testament, d’ailleurs davantage que dans le reste de l’Ancien – est le Dieu du «pour rien», expression revenant trois fois dans le livre de Job: les actions de Dieu sont marquées par l’absurdité, le paradoxe et s’il nous sauve c’est «pour rien», nous ouvrant à la vie libre et légère du «pour rien».
Alain Houziaux part de cette question classique en théologie et que tout croyant croise en permanence: si Dieu existe, alors pourquoi les justes et les innocents (comme Job) souffrent-ils? L’auteur va jusqu’au bout du scandale et des raisons pour lesquelles cela nous semble scandale: scandale quand le mal n’a pas de raison, parce que les décisions semblent se dérouler sur une autre scène à laquelle nous n’avons pas accès, parce que nous serions le jouet de décisions dont nous ignorerions […]