Appliquée à un passé lointain, elle aboutit à des jugements souvent anachroniques, si la démarche ne s’accompagne pas de discernement et de rigueur historique.
Le bannissement symbolique – par exemple par le déboulonnage des statues de héros contestés, la débaptisation de rues ou d’édifices – risque, s’il est appliqué de façon systématique, de plonger dans l’oubli une vérité historique dérangeante et de desservir finalement la mémoire de victimes qu’on prétend défendre.
Une profonde précarité
Les textes sacrés plurimillénaires comme la Bible peuvent être évidemment la cible de la « cancel culture » : l’exemple retenu sera celui du livre de Ruth, confronté aux convictions d’un féminisme contemporain.
Si on appliquait cette grille critique à ce qui est présentée d’habitude comme une « belle histoire » biblique, inspirant artistes et poètes comme Victor Hugo, on pourrait retenir que le veuvage de Ruth et Orpa, dépendantes de leurs maris, les plonge dans une profonde précarité.
Une belle-mère, Noémie, d’abord soucieuse de s’en sortir seule en rentrant dans son pays d’origine suggère à ses belles-filles une seule perspective : retrouver la dépendance d’un mari.
Ruth s’accroche au choix de […]