Ce psaume est dans nos recueils, sur la mélodie du psautier de Genève, le texte de Marot ayant été revu par Roger Chapal. Alors qu’Arc-en-ciel en donne la musique avec des barres de mesure, Alléluia ne les met pas, ce qui permet de suivre la rythmique des vers mesurés à l’antique, comme le souhaitait le cercle des poètes de la Pléiade. Le psaume 25, en latin, dit : « Ad te domine levavi animam meam. » Une rapide recherche sur YouTube et la banque de données imslp.org me fait découvrir les versions qu’en ont faites Philippe de Monte à huit voix, Sweelinck, Alessandro Scarlatti (à quatre voix) et Stefano Bernardi dans la belle interprétation de l’ensemble Voces Suaves et du Concerto Scirocco.
Entrer dans l’avent par le chant…
Sans hésiter, je choisis comme premier cantique dans le chapitre 31 d’Alléluia le numéro trois : Viens, ô sauveur des païens. C’est un des plus anciens hymnes du répertoire liturgique. Le texte – « veni redemptor gentium » – a été écrit par Ambroise de Milan (339-397), je vous donne une traduction de la deuxième strophe du texte original : « Non pas d’une semence d’homme mais par le souffle de l’Esprit, le verbe de Dieu s’est fait chair et le fruit du ventre a fleuri. » Luther aimait beaucoup ce chant, c’est un des premiers cantiques qu’il a traduits : Nun komm der Heiden Heiland. Ce choral se retrouve dans tout le répertoire liturgique allemand : cantates et versions pour orgue de Bach, Pachelbel, Praetorius, Brahms et je retiens une belle version de Johann Crüger avec deux violons qui se superposent au chœur. Je tourne alors la page et me laisse entraîner par Après la longue attente. La musique est ce qu’on pourrait appeler un « tube » de la musique baroque dans toute l’Europe au XVIe et XVIIe siècles. Au départ, c’est plutôt une chanson profane que l’on trouve avec des titres différents : Une jeune fillette, La Monica, Ballo tedesco, The queenes Alman, Allemande nonette etc. Une version met sur cet air les paroles suivantes : « Une jeune fillette/De noble cœur/Plaisante et joliette/De grand’ valeur/Outre son gré on l’a rendu’ nonnette (religieuse)/Cela point ne luy haicte/Dont vit en grand’douleur ».
… au rythme des musiques célèbres
Et voici cette chanson dans un des films qui a fait redécouvrir la musique baroque au « grand public » : Tous les matins du monde. Hans Léo Hassler a utilisé ce thème pour une série de variations, c’est devenu un choral : Von Gott will ich nicht lassen dont Bach s’est aussi emparé avec une variante de la mélodie. Par hasard, ces cantiques sont tous les deux en sol mineur, et avec le sol majeur du psaume 25 j’ai assuré une certaine continuité dans la couleur de l’accompagnement musical de ce culte pour le premier dimanche de l’avent. Reste à choisir des intermèdes instrumentaux, et à faire le tour des copains pour savoir qui sera libre le 28 novembre ! Et moi, suis-je libre ?