Dans notre compréhension occidentale moderne, l’acte d’adoration est souvent limité à un espace-temps défini et à une notion d’intimité entre le croyant et Dieu. Ainsi, dans son étude sur le pentecôtisme en Polynésie, Yannick Fer décrit des moments d’effervescence collective où « l’émotion partagée avec la communauté d’église est subjectivement ressentie comme un des signes de la présence immédiate de Dieu ». La pratique de ce que nous considérons comme étant « l’adoration » renvoie donc à une expérience collective durant des temps de louange ou de prière, ou à un temps de communion personnelle avec Dieu (seul dans sa chambre par exemple) pendant un moment mis à part dans la journée.

Parce que l’adoration est un acte central dans notre culte, il semble intéressant de revenir sur la pratique de l’adoration dans l’Ancien Testament afin de prendre conscience des différentes dimensions qu’elle revêt. Nous allons donc voir que l’adoration ne correspond pas seulement à une activité limitée à un cadre spatio-temporel précis, comme la célébration d’une fête solennelle au Temple. Mais comme les prophètes l’enseignent, il s’agit aussi d’un style de vie. En d’autres termes, l’adoration renvoie à la fois à des temps particuliers avec Dieu et à un mode de vie.

Comme nous le verrons, dans l’Ancien Testament, l’adoration est liée au fait de connaître Dieu, l’honorer et le servir, ou encore le craindre. À travers cet article nous voulons montrer que, dans la Bible, le fait d’adorer Dieu ne se limite pas juste à le dire mais qu’il s’agit véritablement d’un acte qui impacte notre vie entière, nos choix, nos décisions (Dt 6,5). Ainsi peu importe si les mots « adorer » et « aimer » sont interchangeables dans notre vocabulaire moderne, ce qui importe pour Dieu, c’est que nous l’adorions par nos actes et pas seulement en paroles.

Dans cette étude qui porte sur le thème de l’adoration dans l’Ancien Testament, le Nouveau Testament nous apportera un éclairage indispensable pour expliquer le sens théologique de certains rites et pratiques parce que la notion d’adoration y est approfondie. Notre but est de comprendre ce qu’est l’adoration et ce que cela implique d’adorer Dieu. Dans notre réflexion, nous nous appuierons sur l’étude du vocabulaire hébreu biblique lié à l’adoration. Alors que Jésus dit que Dieu recherche des adorateurs en esprit et en vérité (Jn 4,23), de quelle manière cette parole résume-t-elle ce que les prophètes ont unanimement répété ? Dès lors, comment devenir un adorateur selon le cœur de Dieu ? Comment expérimenter véritablement une vie d’adoration ? Pour répondre à ces questions il est nécessaire de comprendre le cœur de Dieu et de connaître sa volonté. La Bible nous dévoile ces aspects, mais quelle est notre réponse ? En effet, toute l’Écriture nous pousse à adorer Dieu parce qu’elle nous permet de prendre conscience de son amour, sa grâce, sa sagesse et sa souveraineté. Ainsi en examinant le thème de l’adoration dans l’Ancien Testament, le but est d’élargir notre manière de percevoir et de comprendre la notion d’adoration pour éventuellement en élargir notre pratique. Nous allons voir que les prophètes enseignent que, pour entrer dans une vie d’adoration, une transformation intérieure est nécessaire et indispensable. Tel est le message qui parcourt tout l’Ancien Testament et que viennent relayer les auteurs du Nouveau Testament.

L’adoration n’est pas un acte intéressé

Dans la onzième tablette de l’épopée babylonienne de Gilgamesh […]