Rien ne permet d’affirmer d’après le témoignage du Nouveau Testament que les auteurs des quatre Evangiles aient eu l’occasion de se rencontrer ou de se connaître personnellement.
C’est en fait peu probable, parce que chaque évangéliste écrit des décennies après le ministère terrestre de Jésus, en fait ressortir des aspects particuliers, en fonction du contexte qui est le sien : L’Évangile selon Matthieu, par exemple contient énormément de citations de l’Ancien Testament et aurait plutôt été destiné à des lecteurs juifs. Luc écrit pour sa part à l’intention d’un lectorat de culture gréco-romaine : par exemple, le toit en terrasse (architecture typique de la Palestine) dans lequel on creusa un trou pour y faire passer le paralytique de Capernaüm (Marc 2,4) devient chez Luc un toit de tuiles (Luc 5,19).
La proximité des trois premiers évangiles que l’on appelle « synoptiques » (littéralement « vus ensemble »; puisqu’ils présentent une série de récits et de paroles de Jésus que l’on peut lire de façon parallèle) s’explique non par le fait qu’ils en auraient été des témoins directs (et qui, donc, se seraient forcément connus !) mais par leur usage de traditions communes.
L’hypothèse classique est que Marc est l’écrit plus ancien, Matthieu et Luc auraient puisé chez lui ces traditions et auraient eu recours à un autre document, la source des Logia (paroles, en grec) pour toutes les paroles de Jésus qu’ils rapportent conjointement. Certains exégètes penchent pour l’antériorité d’un prototype de l’évangile de Matthieu en araméen, plutôt que pour celle de Marc. Il existe encore d’autres théories, plus ou moins […]