La raison principale est une vision différente de l’homme ! Les saints vénérés par l’Église catholique sont des hommes et des femmes extraordinaires. Leur vie est ponctuée de miracles. Elle frise avec le légendaire. Pensons, par exemple, à saint Christophe, protecteur de tous ceux qui utilisent des moyens de transport. Une légende le fait passeur d’un enfant au bord d’un torrent furieux ; un enfant devenu si lourd sur ses épaules que Christophe découvrit qu’il s’agissait de Jésus, le créateur du monde. Par leur générosité, leur bravoure ou autre, les saints touchent au divin. Les actes qu’ils ont accomplis constituent, avec ceux de Jésus et de Marie, un trésor dans lequel l’Église puise pour compenser les défaillances de nous autres, humains « ordinaires ». En somme, les « forts » viennent en aide, rachètent même, les « faibles ».
Rien n’est plus contraire à la pensée protestante et, nous le pensons, à la Bible. Pour nous, il n’y a pas de saints : il n’y a que des sanctifiés ! Les hommes, les femmes, quels et quelles qu’ils soient, sont des pécheurs. Éternellement et fondamentalement. Il ne s’agit pas là d’une morale culpabilisante. L’homme est pécheur car, fondamentalement, il est tenté de refuser de vivre en relation avec Dieu. Il préfère tracer sa propre voie, être sa propre loi, sans jamais dépendre de quelqu’un. C’est cela le péché. Et, même si nous avons donné notre vie à Dieu, cette tentation rejaillira à certains moments, dans certaines situations. Dieu nous aime malgré cela. Il aime non pas des saints mais des pécheurs ! Par son amour, il nous sanctifie, nous « rend saints et justes ». Comme le disait Martin Luther, « l’homme n’est pas aimé de Dieu parce qu’il est beau (saint) mais il est beau (saint) car il est aimé de Dieu ».