Le contexte
Ce passage de l’épître aux Romains est indissociable de ce qui précède pour comprendre l’ensemble. En Romains 5, Paul explique que la Loi révèle le « faux pas ». Puis, il dit cette formule magnifique qui exprime la perspective de salut de Dieu pour les humains : « Là où le péché a foisonné, la grâce a surabondé » (Rm 5,21). Une question « amusante » est alors posée par Paul : devrions-nous demeurer dans la sphère du péché pour que la grâce prolifère ? Une sorte de loi du « plus-plus » : encore plus de péché pour encore plus de grâce. Dans notre texte de Rm 6, Paul répond à ce questionnement.
Ce passage commence et se termine par trois mêmes mots : mourir/ mort, péché, vivre. À l’intérieur, on trouve un développement dont l’image porteuse est le baptême et l’ensevelissement.
La victoire de Christ sur la mort
Christ est mort, il a été réveillé par Dieu, la mort et le péché sont définitivement vaincus (v4).
Le baptême
La vie du chrétien, avec le baptême, reflète le parcours du Christ. Le chrétien ne meurt pas lors de son baptême, mais fait un chemin qui ressemble à la mort du Christ. Le baptême produit une rupture, voici les conséquences du baptême : marcher dans une nouveauté de vie (v. 4), la résurrection à venir (v. 5 et 8), hier, le vieil humain est mort (v. 6), aujourd’hui, le Péché est désactivé (v. 6), nous ne sommes plus esclaves de Péché (v. 6), celui qui est mort est éloigné de Péché (v. 7), aujourd’hui vous êtes morts à Péché (v. 11).
La temporalité
Ce texte est difficile car la temporalité est chamboulée. La mort peut être au passé ou au présent, il en est de même pour la résurrection. Mais l’identification à la mort du Christ par le baptême est au passé, et ce qui est nouveau se pose dans un présent et un à venir.
L’appartenance
Avec la mort et résurrection de Christ, le monde ancien a disparu, remplacé par un monde nouveau ; l’humanité ancienne est morte, la solidarité avec le Péché a disparu (cf. Rm 5,12-21). Le lien avec le Péché est désactivé, « la connexion est coupée », dirait-on aujourd’hui. L’identité ancienne du croyant est remplacée par l’identité nouvelle, tout en lien avec le Christ. Voici ce que disait Albert Schweitzer : « Malgré les apparences, ces mots ne sont pas une simple formule. Pour Paul, le baptisé est déterminé par « l’être en Christ » dans toutes les manifestations de la vie. Greffé sur le corps du Christ, il perd son existence individuelle de créature et sa personnalité naturelle. Désormais, il n’est plus qu’une forme de la personnalité de Jésus Christ qui domine ce nouveau corps. » (Mystique 114)
Le temps pascal est propice pour refaire ce chemin d’une ancienne v ie à une nouvelle en Christ. Renaît re, se relever à Pâques comme un être nouveau, à l’image de Christ.
Texte biblique : Romains 6,1-11 (Traduction Nouvelle Bible Segond)
1 Que dirions-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, pour que la grâce foisonne ? Jamais de la vie !
2 Nous qui sommes morts pour le péché, comment vivrions-nous encore en lui ?
3 Ignorez-vous que nous tous qui avons reçu le baptême de Jésus Christ, c’est le baptême de sa mort que nous avons reçu ?
4 Par ce baptême de la mort, nous avons donc été ensevelis avec lui afin que, tout comme le Christ s’est réveillé d’entre les morts, par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions sous le régime nouveau de la vie.
5 En effet, si nous avons été assimilés à lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable.
6 7 Nous savons qu’en nous l’homme ancien a été crucifié avec lui, pour que le corps du péché soit réduit à rien et que nous ne soyons plus esclaves du péché ; car celui qui est mort est justifié, il est quitte du péché.
8 9 Or si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que le Christ réveillé d’entre les morts ne meurt plus ; la mort n’exerce plus sur lui sa maîtrise.
10 S’il est mort, en effet, c’est pour le péché qu’il est mort, une fois pour toutes ; et s’il vit, il vit pour Dieu.
11 Ainsi vous-mêmes, estimez-vous morts pour le péché et vivants pour Dieu, en Jésus Christ