Au plus proche de la peine
Il y a plusieurs occasions où l’on voit le Seigneur pleurer, comme sur Jérusalem ou encore au jardin de Gethsémané à la veille de sa passion. Cependant, c’est uniquement cette fois-ci, à la mort de Lazare, que le mot grec qui signifie littéralement « verser des larmes » est employé.
Jésus pleura. C’est court et si sobrement rapporté et pourtant, cela me dit tant de choses. Jésus n’est jamais aussi proche de moi que quand je lis ces deux mots. Il n’est jamais aussi humain pour moi que dans ces larmes-là. C’est comme s’il me tenait la main.
Un village, Béthanie, à trois kilomètres de la capitale. Une maison, une famille, une fratrie comme les autres, mais un lieu où Jésus se sent accueilli, où il aime venir en ami. Je voudrais que ma maison soit comme celle-là. Il est venu pour le monde entier, mais on voit bien qu’avec ceux qui l’accueillent chez eux, il crée une relation personnelle. C’est donc dans cette maison où son ami vient de mourir qu’il revient. Il sait pourtant et il l’a dit à ceux qui l’entouraient, qu’il allait le ramener à la vie, mais on voit bien que personne ne le croit vraiment. Pour eux, c’est fini, il est trop tard. La mort est passée et cela fait quatre jours. Face au spectacle et à l’odeur même de la mort et surtout à la peine de ceux qu’il aime, Jésus pleure et son entourage voit ces larmes. Celles-ci sont comme la preuve de l’authenticité de cette tristesse, de cette pitié qui déborde littéralement. Il ressent au plus profond de lui-même, de son corps de chair, la peine et le désarroi de Marthe puis de Marie. Son cœur en est profondément touché.
Avec nous, tous les jours
Je trouve terrible la question que les deux sœurs, dès son arrivée, viennent lui poser à tour de rôle. Elle nous est rapportée comme un reproche et un cri de détresse à la fois : « Si tu étais venu plus vite, notre frère ne serait pas mort ! Pourquoi, pourquoi ne l’as-tu pas empêché de mourir, toi qui peux tout faire ? » Une amie qui me raconte les sévices affreux qu’elle a subis dans son enfance et à qui j’essaie de parler de l’amour de Dieu me répond : « Il était où ton Dieu à ce moment-là, dis-moi, où était-il ? » C’est aussi l’éternelle question que l’on a si souvent envie d’adresser à ce Dieu que l’on dit tout puissant. Comment peut-il laisser mourir des innocents ou laisser des hommes faire tant de mal sur la terre ?
C’est précisément ce désarroi qui bouleverse Jésus qui me bouleverse à mon tour, mais c’est aussi celui qui me rassure en me disant que […]