Le philosophe danois Kierkegaard disait que, dans le Danemark de son époque, au XIXème siècle, il était devenu aussi facile d’être chrétien que d’enfiler chaque matin ses chaussettes. Il voulait ainsi mettre en évidence le danger que l’appropriation du salut proclamé en Jésus-Christ conduise à une sorte de contentement replet. Pour lutter contre cette attitude auto-satisfaite, il disait qu’on n’était jamais chrétien, mais qu’on devait constamment le devenir.

Une grâce à bon marché

Quelque cent ans plus tard, dans un livre consacré au Sermon sur la montagne (traduit en français sous le titre Le prix de la grâce), le théologien allemand Bonhoeffer soulignait de manière comparable le danger que la grâce reçue soit une «grâce à bon marché», accueillie passivement, sans que cela se traduise dans des engagements concrets. Ainsi, au fil du Sermon sur la montagne de l’Evangile de Matthieu, il s’attachait à faire ressortir ce qu’il en coûte dans la vie de croire, d’aimer et d’espérer. C’est peut-être bien ce «prix de la grâce» que traduit l’appel de l’apôtre Paul à vivre au quotidien «en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu» (Rom 12,1). […]