Dans les évangiles, Jésus transforme l’eau en vin, multiplie les pains, apaise les tempêtes et guérit les malades. Comment interpréter ces récits ?
Le vicaire savoyard de Rousseau disait : « Ôtez les miracles de l’Évangile et toute la terre est aux pieds de Jésus-Christ. » Pour le philosophe des lumières, les miracles sont un frein à la foi, car peu compatibles avec la raison. Devant cette gêne, certains ont regardé les miracles avec condescendance en les considérant comme des récits mythologiques qu’on pouvait négliger si on voulait trouver le vrai sens du message de Jésus. De nos jours, l’exégèse a montré qu’il n’était pas possible de rayer d’un trait de plume la part faite au miracle sans porter atteinte à la cohérence du message de Jésus. Le miracle appartient au langage de l’évangile, il convient de le décrypter. Nous ferons quatre remarques à son sujet.
Les miracles ne sont pas spécifiquement chrétiens, on trouve des phénomènes inexplicables dans toutes les religions, et en dehors d’elles. La question posée est de savoir ce que dit le miracle, comment nous pouvons l’interpréter.
Dans les évangiles, Jésus lui-même a souvent été gêné par les miracles, car ils ont été un frein au message qu’il voulait transmettre. Les gens qui le suivaient le prenaient d’abord pour un thaumaturge alors que le plus important était le message qu’il voulait transmettre.
Curieusement, les miracles n’ont pas toujours suscité la foi, c’est pourquoi Jésus s’est opposé aux gens qui en demandaient. Ils sont comme une drogue, on en veut toujours plus. La différence entre la soif d’eau et la soif de miracles, c’est que lorsqu’on a bu un verre d’eau, on n’a plus soif.
Jésus a souvent demandé aux malades qu’on lui présentait : « Veux-tu guérir ? » pour ensuite leur dire : « Ta foi t’a guéri ! » Une façon de les rendre acteurs de leur guérison. Le verbe guérir en grec veut aussi dire sauver, libérer. Jésus n’est pas un magicien ni un super médicament, il est le sauveur, celui qui met au large, qui redonne une dignité à celui qui n’en avait plus.
Les miracles aujourd’hui
De nos jours, certaines Églises insistent sur les miracles et témoignent de guérisons, d’extases, de paroles de connaissances. Comment les interpréter ?
La question est de savoir ce que ces phénomènes suscitent. S’ils sont au service de la grâce, c’est-à-dire d’une parole de libération, d’amour et d’accueil, nous y verrons une œuvre de l’Esprit de Jésus Christ. Mais si le message qui accompagne de telles manifestations ne conduit pas à la liberté, ce n’est plus une parole de vie et ce ne peut être l’œuvre de l’Esprit Saint.