Si oui, la théologie protestante pourrait bien participer à cet effort de penser ce qui nous rend humains. 

Pour mériter le vocable de protestante, la théologie doit d’abord récuser tout fondamentalisme. Non comme une concession à la rationalité objective mais par fidélité aux textes bibliques : ils nous rappellent que le relatif participe du vrai. C’est ce qu’on appelle l’incarnation : Dieu accepte d’abandonner sa parole à la culture, à l’histoire. Jusqu’à s’y abîmer sur la croix. Relatif et vrai n’ont plus à être opposés !

Complexité

Pour mériter le vocable de protestante, la théologie doit apprendre à penser le complexe. Or, s’il est une urgence contemporaine, c’est bien de survivre dans la complexité d’une réalité où tout est interdépendant ! La modélisation trinitaire affronte depuis des millénaires cette complexité : dire la multiplicité de nos compréhensions de Dieu, sans Le réduire à un modèle. Dire la pluralité du vrai, sans faire du modèle une idole : urgent défi pour aujourd’hui.

Conviction

Pour mériter le vocable de protestante, la théologie doit aussi articuler conviction et tolérance. L’histoire huguenote devrait rappeler sans cesse l’importance de chacune. Nous n’avons pas à taire ce qui nous anime, pas plus que nous n’avons à convertir l’autre. Car la foi n’est pas ma production, c’est le don d’un autre : seul Dieu peut l’inscrire dans mon cœur. Mais Il a choisi de m’atteindre grâce au témoignage des autres. De sorte qu’il me faut apprendre à dire la foi sans jamais chercher à conquérir l’autre. L’enjeu n’est rien de moins que d’apprendre à vivre dans le monde avec soi-même et avec l’autre, grâce à Dieu !