Date de publication d’origine : 24/05/2021

Par Holger Wetjen, paroissien à Toulouse

Notre société est sécularisée. Nous partageons le quotidien avec nos ami·es et nos voisin·es, qui sont agnostiques, athées, douteurs ou anarchistes de la théorie. Chrétiennes et chrétiens, nous aimons nos prochains. Quand nous conversons avec nos amis, croyants, agnostiques, athées, etc., nous sommes curieux. Et nos convictions religieuses peuvent se voir mises en question. Nous vivons le quotidien dans le doute. En proie de doutes, comment proclamer la Bonne Nouvelle ? En quoi consiste le don de l’Esprit saint ?

Le miracle de la Pentecôte nous encourage de poursuivre. I l est rapporté dans les Actes des Apôtres  que les disciples sont réunis dans leur salle de réunion à Jérusalem : « Ils étaient tous réunis dans le même endroit quand, provenant du ciel, un bruit soudain, semblable au passage d’un vent violent, a envahi la maison où ils se trouvaient. Ils ont vu des sortes de langues de feu se répartir et se poser sur chacun d’entre eux. Tous, à ce moment, comblés du Souffle saint, ont parlé selon ce que le Souffle leur donnait à dire. » (Actes 2,1-4) Le vacarme attire une foule nombreuse. Pierre leur dit : « Ayant reçu du Père la promesse du Souffle saint, Jésus a répandu autour de lui ce que vous voyez et entendez. » Alors ses interlocuteurs lui demandent conseil. Pierre répond : « Pensez autrement, et que chacun reçoive le baptême au nom de Jésus Christ, dans l’espoir de l’effacement de ses fautes. Vous recevrez alors le don du Souffle saint. » (Actes 2,33-38) Les Actes rapportent que ce jour-là, trois mille personnes ont rejoint la communauté chrétienne.

Ayant reçu le baptême, sont-ils définitivement libérés du doute ? Les Actes attestent à l’ensemble des croyants « constance et unanimité » (2,46). Il parait que, dans leur activité altruiste, le doute baisse le son ; devant la Belle Porte du Temple, Pierre et Jean disent à un boiteux : « Au nom de Jésus Christ, marche ! » L’infirme se dresse et marche. Au peuple stupéfait, Pierre explique : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob a revêtu de splendeur Jésus son serviteur. Dieu l’a relevé des morts, nous en témoignons. Et parce que nous avons confiance en son nom, ce nom a ravivé celui que vous observez. » (Actes 3,13-16) La communauté chrétienne s’agrandit. Des malades sont guéris. Devant le Conseil, Pierre et les apôtres défendent leur enseignement : « Il faut se soumettre à Dieu plutôt qu’aux hommes. »

Le don de l’Esprit saint est à la fois exigence et liberté ; d’une part, il suppose que les fidèles soient constants et unanimes, de l’autre, ce don offre à celles et ceux qui le reçoivent une liberté nouvelle : celle de se soumettre entièrement à Dieu et d’être libérés des instances officielles. Déjà dans son appel au sacerdoce, Jésus encourage ses disciples : « Si l’on vous arrête, ne vous inquiétez pas des mots à dire. Les paroles justes vous seront dictées au bon moment. Ce n’est pas vous qui parlerez, mais le Souffle de votre Père se fera entendre à travers les mots que vous prononcerez. » (Mt 10,19-20) Le récit de la Pentecôte enracine la mission des disciples dans les promesses de Moïse et des prophètes. Le Deutéronome introduit déjà le don de l’Esprit saint dans la promesse que YHWH fait au prophète : « Je placerai mes paroles en sa bouche. » (18,18) Et le prophète Joël dit : « Je répandrai mon souffle sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards songeront des songes, vos jeunes gens verront des visions. » (Joël 3,1).