Pour la prière silencieuse
Je crois que, lorsque nous entrons en prière, le silence doit être premier. De manière la plus évidente, le silence est nécessaire pour se poser devant Dieu, prendre le recul nécessaire par rapport à sa propre existence et prier (louanges, actions de grâce, demandes…). Ensuite, c’est dans le silence que l’on se met au mieux à l’écoute de Dieu. Dans le silence, on parvient à discerner ce que Dieu nous donne à entendre dans la prière. C’est pourquoi j’affectionne la prière silencieuse ; plutôt que de faire une liste de désirs que j’aimerais que Dieu assouvisse pour moi (ou pour le monde), je préfère me reposer simplement dans le silence, en relation avec Dieu. Je vous assure, le silence est divin, l’Esprit agit.
Jésus s’isolait pour prier, souvent en haut d’une colline ; on suppose qu’il priait en silence car ses disciples lui ont demandé un jour de leur apprendre comment prier ; il a donné le Notre Père…
Il me semble que la prière silencieuse a aussi l’avantage d’être sincère, car on peut tout dire et tout penser. Tout, absolument tout, même ce qui est indicible, car souvent la pensée dépasse les mots.
En groupe, la prière silencieuse peut être soutenue par une lecture biblique à méditer. Lecture puis silence fécond dans un face-à-face avec Dieu, sous le regard de Dieu, avec son Esprit. Tout se passe bien ; essayez, vous verrez qu’à force de lire et de relire le texte, il se mettra à vous parler, à vous prier d’être des acteurs au-delà de la prière silencieuse.
Délivrer nos lèvres
Bien qu’attaché à la prière silencieuse, intérieure, je revendique la possibilité, pour nos Églises, de pouvoir éduquer à une prière à haute voix. Celle-ci a, selon moi, plusieurs vertus. D’abord, c’est un témoignage pour l’extérieur. Une confession de foi. On sait l’importance que Paul accordait à cette verbalisation de la foi : « si tu confesses de ta bouche… ». C’est une manière concrète de faire apparaître un monde nouveau. En suite , la prière à haute et intelligible voix est également une manière de structurer sa pensée. La mettre en mots, c’est contribuer à la mettre en ordre. La sortir de nos chaos intérieurs. Enfin, la voix est également une manière d’affirmer, de revendiquer sa faiblesse, sa fragilité. Les prières écrites ou silencieuses peuvent être une manière d’avouer que seules des prières parfaites, perfectionnées sauraient franchir le mur de nos lèvres. Les prières à haute voix peuvent certes, très facilement, devenir des concours de glorification. Mais oser prier à voix haute, c’est poser un acte de confiance et d’humilité. La certitude que nos prières, mêmes imparfaites, confuses, feront l’objet de l’aide de l’Esprit (Romains 8).
Nos prières, même mal formulées, même balbutiées, sont légitimes, attendues par Dieu. Laissons-nous donc aller. Ouvrons nos bouches pour faire monter à Dieu nos prières !