Une curiosité de la Bible est que tous les textes importants sont écrits deux fois, souvent avec deux regards différents : il y a deux récits de création, deux versions des Dix paroles, deux historiographies de la royauté en Israël, deux récits de la naissance de Jésus, deux textes des Béatitudes et du Notre Père, deux multiplications des pains, deux récits du dernier repas de Jésus (lavement des pieds et institution de la Cène), plusieurs récits de la résurrection, deux ascensions et deux récits de l’envoi du Saint-Esprit aux disciples. Pourquoi ces doublets ? Parce qu’un seul n’est pas suffisant pour décrire l’évènement.
Dans la même veine, il y a quatre évangiles, parce qu’un seul, ce n’est pas assez pour dire Jésus-Christ. Quatre regards sur une même personne donnent un portrait plus complet qu’un unique. La différence entre les récits nous invite à dépasser la littéralité du texte pour nous interroger sur son sens.
L’évangile de Matthieu est structuré autour de cinq grands discours de Jésus pour structurer la catéchèse et la discipline de la première Église. Son auteur montre en quoi l’évènement Jésus-Christ est l’accomplissement des promesses du Premier Testament.
L’évangile de Marc insiste moins sur l’enseignement de Jésus, mais souligne son autorité. Son auteur consacre un gros tiers de son évangile au récit de la passion. Ce qu’il veut transmettre n’est pas une doctrine, mais la bonne nouvelle d’un Dieu qui s’est fait proche jusqu’à en mourir sur une croix.
L’évangile de Luc se présente comme l’œuvre d’un historien. Il présente plusieurs récits de repas qui ont été pour Jésus l’occasion de développer une théologie de l’hospitalité envers les pécheurs, les petits et les méprisés. Le royaume qu’il proclame opère un renversement des valeurs dont le signe est posé par la croix.
L’évangile de Jean est le plus singulier des quatre. Il est structuré autour de sept signes, souvent suivi d’un discours qui dresse le portrait d’un Christ qui n’a cessé de parler de pardon, d’amour et de guérison et qui s’est heurté à la bêtise et à l’obscurantisme des religieux incapables de voir ce qu’ils avaient devant les yeux.