Nos sociétés, sensibilisées au changement climatique, nous invitent à adopter des gestes dits écoresponsables au quotidien. Parmi ces gestes, il y a le non-renouvellement systématique de notre électroménager, en privilégiant la réparation, si possible, à l’acquisition d’un produit neuf. Rendue populaire par le philosophe et essayiste Pierre Rabhi 1, la sobriété heureuse encourage à penser autrement notre rapport à la nature et à notre consommation. Il s’agit ici de revisiter nos fondamentaux, de changer de paradigmes, de reconsidérer nos croyances et valeurs en vue d’un comportement plus responsable. Nous pouvons alors parler d’un changement radical, c’est-à-dire à la racine, en profondeur, un « renouveau », en somme.
Le renouvellement est superficiel
Le renouvellement paraît plus superficiel. Lorsque nous aérons la terre en vue d’une meilleure fertilité, nous employons des techniques de renouvellement des sols. Pour autant, à l’arrivée du printemps, nous préférons parler du renouveau de la nature plutôt que du renouvellement de la nature, car il s’agit d’un phénomène plus global. La Bible emploie de nombreuses expressions autour de la nouveauté. L’auteur du livre de sagesse, l’Ecclésiaste, affirme que sous le soleil, il n’y a rien de nouveau 2 ; certes les choses peuvent évoluer avec le temps, mais les motivations dans le cœur de l’être humain restent désespérément les mêmes. D’autres textes bibliques sont plus encourageants ; ainsi Dieu lui-même annonce, par l’intermédiaire du prophète Ésaïe, des événements nouveaux 3 . Le livre de l’Apocalypse, qui dévoile les réalités du monde invisible et rappelle que Dieu règne et veille sur toute sa création, reprend à sa manière ces paroles en affirmant : « Celui qui est assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles 4. »
Le renouveau, un changement profond
Quand Jean-Baptiste et Jésus, dans les Évangiles, nous invitent à un changement radical, ils parlent de conversion. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’en matière d’écologie moderne, le vocable de « conversion écologique » est utilisé, notamment dans l’encyclique Laudato si’ 5. Dans cette optique, nous parlerons plutôt d’un renouveau et non d’un renouvellement, car il est question d’une transformation en profondeur. Il n’est d’ailleurs pas tout à fait juste de traduire par « renouvellement de l’intelligence » l’expression de l’apôtre Paul en Romains 12.2. Le terme grec employé est composé de deux mots : ava qui évoque le renouvellement et kainotés, la nouveauté ; en quelque sorte, c’est une nouveauté qui se renouvelle ! Dans un monde qui évolue, une société qui s’émancipe, il faut savoir s’adapter. En ce sens, nous avons besoin de nous renouveler, dans nos connaissances comme dans nos expériences. Mais est-ce suffisant ? La vie est plus que le seul renouvellement de nos cellules, c’est un mouvement dynamique qui suppose une redéfinition du sens que nous voulons donner à notre existence.
Le Dieu de la Bible nous y encourage. Acceptons le commandement nouveau que Jésus laisse à celles et ceux qui veulent le suivre : aimer le monde, aimer les gens de manière authentique, engagée et désintéressée, dans les petits comme les grands choix de notre quotidien. Le programme d’une vie renouvelée en nouveauté de vie !
1 Paysan, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi (1938-2021) a été l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France. Il a publié une trentaine d’ouvrages dont Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, 2010. 2 Ecclésiaste 1.9. 3 Ésaïe 42.9. 4 Apocalypse 21.5. 5 Laudato Si’ est la deuxième encyclique du pape François, publiée en mai 2015, consacrée aux questions environnementales et sociales et à la sauvegarde de la création.