Notre Père, « que ton nom soit sanctifié ! »

Est-ce un souhait abstrait ? « Que ton nom soit sanctifié par tous dans l’éternité et en tous lieux… » ? Je le comprends plutôt comme un désir pour nous, ici et maintenant. Mais notre réalité ambiante ne s’y prête pas toujours. Un édifice peut alors être un instrument qui nous aide à sanctifier. La Bible en donne des exemples : d’abord l’autel, construit pour faire trace d’un événement, puis la « demeure » sous forme d’une tente, puis le temple de Jérusalem.

Sanctuaire intérieur – sanctuaire extérieur

Ces lieux sont des inventions des hommes, inspirées de la culture environnante. Mais Dieu accepte de s’y impliquer, pour autant que l’intention d’honorer son nom soit sincère (1 Rois 9.3-9). Très vite en effet, Dieu établit un parallélisme entre le sanctuaire extérieur et le sanctuaire intérieur. Si le cœur n’y est pas, le sanctuaire construit tombera en ruine. L’architecture du sanctuaire elle-même peut rappeler au peuple l’exigence d’une relation avec Dieu en vérité. Ainsi, quand Ézéchiel décrit depuis l’Exil le Temple que Dieu souhaite voir (re)construit, les seules mesures du plan devraient provoquer un examen de conscience. Dieu dit : « Et toi fils d’homme, décris ce Temple à la maison d’Israël, afin qu’ils rougissent de leurs abominations. (Qu’ils en mesurent le plan.)

Et s’ils rougissent de toute leur conduite, enseigne-leur la forme du Temple et son plan, ses issues et ses entrées, sa forme et toutes ses dispositions, toute sa forme et toutes ses lois. Mets tout cela par écrit devant leurs yeux […] afin qu’ils les réalisent. » (Ézéchiel 43.10-11)

Selon le philosophe J.-L. Chrétien, notre notion d’« espace intérieur » s’est élaborée par laïcisation de la notion d’espace laissé à Dieu dans notre cœur, espace lui-même désigné par Dieu comme garant de l’espace bâti pour sanctifier son nom.

En synergie avec la grâce

Sanctifier le nom de Dieu nous fait entrer dans une réciprocité. Nous sommes avec Dieu : nous sanctifions le nom de Dieu, Dieu sanctifie toute la vie de ses enfants. Nous entrons dans une « synergie avec la grâce » (pasteur J. Stewart) que l’architecture éveille parfois. J’en ai vu un exemple en préparant la réhabilitation de la chapelle désaffectée de l’Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP) Nazareth à Montpellier. Voici les propos entendus d’une jeune fille de l’ITEP, âgée de 12 ans et sans culture religieuse : « Cette église est belle, elle nous honore, elle est accueillante. J’aime sa pénombre, le calme, les couleurs. C’est un lieu inspirant ! Un lieu qui donne de l’énergie. Il donne de l’espace. Il faudra l’aménager avec des choses qui renvoient quelque chose, pas des choses neutres ou banales. Dans un lieu grand comme celui-là, on peut faire de grandes choses, des choses à plusieurs. Il y a de l’écho, mais quand je parle je m’entends. J’aime le fait que ce bâtiment soit ancien. Mais ce n’est pas pour autant un bâtiment bloqué dans le temps. » Dans cet édifice conçu pour aider à sanctifier, quelque chose de la grâce de Dieu entrait en synergie avec elle.