Par Emmanuelle Seyboldt, pasteure à Besançon

Depuis Abraham, le voyageur, en passant par l’exode, puis l’Exil, la migration a imprégné fortement les récits bibliques. Dans les livres du Lévitique et du Deutéronome, le respect de l’étranger est révélateur du respect de l’ensemble des commandements divins. Ainsi peut-on lire, entre autres : « Tu aimeras l’étranger[1], tu l’aimeras comme toi-même[2], tu ne l’opprimeras pas[3], tu le soutiendras[4]… ». La raison invoquée pour fonder le respect de l’étranger est toujours la même : « Rappelez-vous que vous étiez étrangers en Égypte. » Le souvenir de ce que les pères ont vécu est appelé à rester vivant : ne pas oublier, raconter à ses enfants, se souvenir. Régulièrement, cette injonction traverse le Premier Testament. Le souvenir d’avoir été étranger (ou ses pères) devrait conduire à respecter l’étranger… comme soi-même. Les lois bienveillantes de la Bible envers l’étranger sont-elles seulement la trace de cette mémoire ? Ou bien l’étranger est-il la figure par excellence du malheureux sans défense dont Dieu prend soin ? Toujours est-il qu’au-delà d’un acte de foi, l’attention à l’immigré peut être d’abord une simple question de mémoire. Car tous, nous avons été étrangers…

[1] Deut. 10,19.

[1] Lév. 19,34.

[1] Ex.23,9.

[1] Lév.25,35.