Le temple de l’Étoile, dans le 17e arrondissement de Paris, sera l’hôte d’un lancement très spécial. Le samedi 13 avril un après-midi tout entier sera consacré à la présentation d’une Bible de méditation née d’une coopération inédite de grande ampleur et de longue haleine.

L’aventure de ce projet, devenu concret, a débuté en 2016. À la suite de l’assemblée mondiale de l’ABU, ses membres ont décidé d’accorder plus d’attention à leur public et de travailler ensemble. Les sociétés africaines ont ainsi lancé un groupe de discussions dans le but de définir les préoccupations des femmes chrétiennes du continent.

Un constat a vite émergé : il n’existait pas de Bible annotée et les responsables de communautés religieuses étaient souvent démunis par rapport aux questions que se posaient les femmes. Or, là-bas comme en Europe, celles-ci sont la force vive des Églises.

L’idée a germé de prendre le texte d’une Bible et de développer autour de celui-ci différents thèmes clé pour les futures lectrices. « Tout ce qui est autour du texte biblique a été développé en Afrique avec des contributrices de 26 sociétés bibliques africaines anglophones, lusophones et francophones. La moitié des pays d’un continent a travaillé ensemble », précise Elsbeth Scherrer. Directrice d’édition à l’Alliance biblique universelle (ABU), elle a « juste fait en sorte que les autres puissent faire, souligne celle qui insiste sur le travail de fourmi réalisé en Afrique. L’édition anglaise a été publiée il y a trois ans et, depuis, nous travaillions à la traduction et à la relecture de l’édition française ».

L’implication de l’Alliance biblique française

Justement, l’Alliance biblique française a joué un rôle majeur. Le texte biblique repris est, en effet, celui de la Bible nouvelle français courant qu’elle a lancé en 2019. « Le texte est inchangé », commente Elsbeth Scherrer.

Les femmes africaines, elles, ont planché sur des thèmes spécifiques comme la polygamie, les mutilations génitales, l’homosexualité, la notion de malédiction, l’héritage des filles, etc.

« Le thème du veuvage aussi. En Afrique, en plus de la souffrance émotionnelle, la perte du conjoint s’accompagne souvent d’une perte sociale immense puisque la femme perd sa place dans la famille du mari », décrit la coordinatrice.

Dans chaque société, des femmes chrétiennes, qu’elles soient théologiennes, ménagères, cheffes d’entreprise se sont mobilisées pour rédiger les textes ajoutés dans la Bible de méditation. Pour parvenir à une certaine uniformité, elles ont suivi un cahier des charges. Ensemble, elles ont donné naissance à un ouvrage collectif, « une sagesse commune distillée », décrit la coordinatrice.

Donner aux femmes les clés pour qu’elles prennent les décisions

Toutes les parties compilées, l’édition française de l’ouvrage compte 1900 pages. Alors, il a fallu être attentif au calibrage. Le texte biblique met en avant le nom des personnages féminins et propose un découpage pour que les lectrices puissent le lire en un an. « La portion quotidienne s’accompagne d’une méditation et se termine par une proposition de prière », explique Elsbeth Scherrer. Et une fois par semaine, c’est le portrait écrit d’un personnage biblique féminin qui est mis en avant.

« Cette rubrique est illustrée par une dessinatrice africaine », indique la coordinatrice, ravie. Une autre rubrique hebdomadaire ouvre une fenêtre sur un pays d’Afrique. Il ne s’agit pas d’une présentation érudite, mais d’un clin d’œil, de la mise en avant d’une curiosité historique, sociale ou même culinaire.

« Tous les sept jours, la Bible de méditation propose également un article de fond sur un des thèmes spécifiques aux femmes africaines. Il fait deux à trois pages et apporte un éclairage scientifique, sociologique au besoin et biblique, complète Elsbeth Scherrer. Il s’agit de donner aux femmes les clés pour qu’elles prennent elles même les décisions sur ces sujets. Nous ne faisons pas mine de ne pas voir les problèmes, sans être prescriptifs. »

Complet, l’ouvrage est aussi pratique. Après le corpus biblique, des index permettent de retrouver facilement les personnages féminins, les pays et les thèmes abordés. Et en fin de volume, les lectrices trouveront une mini présentation des femmes dans la Bible et un parallèle entre la vie de celles-ci et les enjeux existentiels des femmes d’aujourd’hui. « Ça permet d’entrer différemment dans le texte biblique », assure Elsbeth Scherrer. Imprimée en couleurs chaudes, cette Bible de méditation n’est pas réservée aux femmes africaines. Elle peut aider les femmes occidentales à comprendre les problématiques de leurs sœurs d’outre-Méditerranée, dont les préoccupations sont très différentes des leurs.

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