On appelle « canon » la liste des livres contenus dans la Bible. S’il y a aujourd’hui consensus pour le Nouveau Testament et que ses 27 livres sont acceptés par toutes les Églises, la situation est plus complexe pour l’Ancien Testament.
Aux alentours du IIIe siècle, la diaspora juive installée autour d’Alexandrie décide de traduire les livres bibliques de l’hébreu dans lesquels ils ont été rédigés vers le grec, la langue qu’elle parle. Sont ajoutés d’autres livres religieux plus récents à ceux écrits initialement en hébreu. Cette traduction est appelée la Septante.
Dans les siècles qui vont suivre, la question du canon va occuper les discussions entre chrétiens. Quels choix vont faire les différentes confessions chrétiennes ?
La tradition orthodoxe, pour laquelle le grec est la langue de référence, conserve globalement tous les livres écrits dans cette langue. Le canon orthodoxe de l’Ancien Testament correspond donc à celui de la Septante.
La Réforme protestante prône un retour aux sources et fait le choix du canon juif en ne gardant que les 39 livres rédigés quasi exclusivement en hébreu. Néanmoins, les autres livres restent quand même présents dans certaines bibles protestantes jusqu’au XIXe siècle. Luther lui-même ne les avait pas exclus de sa traduction de la Bible en 1534 mais il les avait regroupés à part : ils étaient « utiles et bons à lire » bien qu’« apocryphes » (ce qui signifie « secrets, cachés »).
Le catholicisme, par opposition à la Réforme, a arrêté sa liste définitive des livres de la Bible à l’occasion du concile de Trente en 1546. Il intègre dans son canon plusieurs livres grecs qui sont qualifiés de deutérocanoniques (littéralement « du deuxième canon »).
Lire la Bible dans une traduction interconfessionnelle permet aux chrétiens non seulement de connaître les différences qui les séparent, mais également de renouer avec une tradition de lecture qui avait été rompue ou, du moins, oubliée.
Par Stefan Munteanu, professeur à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge