Lorsque nos enfants ont mal au ventre ou à la tête avant de partir à l’école, nous envisageons immédiatement un mal imaginaire. Mais si cette douleur n’était pas fictive ? Si nos enfants avaient réellement mal au ventre ?
Des maux récurrents
Mon épouse et moi sommes famille d’accueil. Nous avons observé, à maintes reprises, que toute douleur doit être écoutée. Les enfants placés dans des familles d’accueil ont vécu des traumas qui ont engendré une grande insécurité et beaucoup d’anxiété. Les petits changements dans le rituel de leur quotidien peuvent facilement devenir des sources de stress intense.
Chez Julie, dix-sept ans, nous constatons souvent les signes visibles de l’anxiété sur son corps. Elle a régulièrement besoin de soins pour limiter les formes de son eczéma. Pour Matthieu, neuf ans, porteur d’un trouble du spectre de l’autisme, les maux de ventre sont récurrents et deviennent parfois très invalidants. De plus, son hyperacousie fait qu’un niveau sonore acceptable pour la plupart d’entre nous devient une source d’agression pour lui. Son mal-être se manifeste par des attitudes physiques dérangeantes.
Une souffrance psychique, une manifestation physique
Quelle que soit l’intensité d’un ressenti, le corps exprime à sa manière les effets d’une souffrance impalpable. Complexes, les maladies psychosomatiques ont une dimension physiologique, psychologique et spirituelle.
Physiologique, parce que face à une situation dépassant nos ressources adaptatives et engendrant du stress, le corps réagit. Sécrétion d’adrénaline et de cortisol, augmentation du rythme cardiaque, ralentissement de la digestion… sont des exemples de changements réels en nous. L’enfant stressé à la perspective d’aller à l’école n’est pas un simulateur, il souffre d’authentiques maux de ventre, même si leur origine est psychologique.
Le stress est problématique lorsqu’il devient chronique. Les symptômes physiques prennent les traits de réelles maladies. Notre corps exprime ce qui presse notre âme. Une part de notre détresse intérieure devient la détresse de notre corps.
Les maladies psychosomatiques ont par définition une dimension psychologique. Les émotions sont refoulées, or elles se manifestent d’ordinaire par des modifications physiologiques. Nous ressentons dans notre corps la joie, la peur, la tristesse, la colère. Si nous refusons d’extérioriser des émotions de forte intensité, notre corps se chargera de les dire à sa façon.
Les maladies psychosomatiques ont aussi une réalité spirituelle. Le roi David l’exprime dans un psaume : « Les forces m’abandonnent à cause de mes fautes et mon corps dépérit » (Psaume 31.11). Dieu a mis en place des principes spirituels et naturels bons pour notre vie. Nous ne pouvons pas dissocier corps, âme et esprit. L’être humain est un tout. Le mal qui atteint une part de la personne l’atteint tout entière. Un désordre spirituel engendrera des effets sur le corps.
Jésus associe guérison physique et pardon des péchés. Il n’établit pas une relation de cause à effet mais nous montre qu’il vient prendre soin de toute la personne. Il se propose de nous conduire vers un processus de rétablissement intérieur qui aura ses effets sur notre quotidien.
Le corps est un porte-parole de l’âme, il réclame une attention particulière. Cette attention est autant d’ordre spirituel que psychologique. Le corps parle, apprenons à mieux l’écouter.