Créé en 1986 par des parents d’élèves las de subir un système éducatif en décalage avec leurs valeurs chrétiennes, l’Établissement Daniel à Guebwiller, dans le Haut-Rhin, accueille aujourd’hui 250 élèves. Depuis deux ans, le chef d’établissement refuse des inscriptions, faute de place.

L’Établissement Daniel fourmille d’élèves, de profs, de services civiques, de stagiaires, tous plus motivés les uns que les autres. Il est, en France, un des rares établissements protestants privés hors contrat à accueillir les élèves de la maternelle à la terminale.

Des professeurs missionnaires

Dans l’Établissement Daniel, l’enseignement est un sacerdoce et l’enseignant un missionnaire. Certains, agrégés, gagneraient quatre fois plus dans le public. Pas d’absentéisme pourtant ; ici, on est bien, on y reste et on y revient. Pour preuve Christine, retraitée depuis deux ans qui, désormais bénévole, donne cinq heures de cours de français par semaine aux CM2.

Les profs prient pour leurs élèves. Le suivi très personnalisé est en adéquation avec les valeurs enseignées: bienveillance, accueil de la différence, esprit de service. « Ma fille de treize ans n’allait pas très bien, elle a reçu une lettre de trois pages d’un de ses profs qui l’a beaucoup touchée », confie Véronique.

Si les professeurs ne dispensent pas d’éducation religieuse, l’intégration biblique fait partie du projet pédagogique. Dieu est au cœur de l’éducation mais pas question pour autant de le conjuguer à tous les temps. « On ne fait pas du bourrage de crâne, on remet seulement Dieu à sa place chaque fois que l’occasion se présente », précise le chef d’établissement, Patrick Schmitt. Et sinon, côté programmes ? « On a le même socle commun que dans le public. »

Des parents engagés

Les parents sont majoritairement chrétiens et prêts à consentir de nombreux sacrifices. Certains font une heure de route pour amener leurs enfants, d’autres déménagent. Laure, en cinquième, est arrivée il y a cinq ans, avec son frère et ses deux sœurs. La famille habitait à Maubeuge, « mes parents voulaient qu’on ait une éducation chrétienne ». De « l’école à la maison », elle garde un bon souvenir, mais c’est mieux ici: « J’ai des amis avec qui je peux jouer, parler. C’est un peu une famille, on connaît tous les profs, et j’apprends pas mal de choses sur Dieu. »

Les parents consacrent quatre heures par mois au ménage ou aux travaux, jouent les AESH, coorganisent les fêtes de l’école, animent ponctuellement des ateliers, entretiennent les liens avec les partenaires à l’étranger.

Des élèves toujours plus nombreux

Les élèves affluent, souvent des fratries. Certains sont désabusés parce qu’ils ont été harcelés dans les écoles publiques, ou sont en difficulté à cause de troubles dys, de l’attention ou du spectre autistique. Tous portent un tee-shirt ou un pull-over au logo de l’établissement, « pour le sentiment d’appartenance et éviter les comparaisons », précise Patrick Schmitt.

Les effectifs par classe, même s’ils sont en augmentation, demeurent très raisonnables (vingt au maximum). Les élèves à besoins spécifiques sont accueillis plusieurs heures par jour en tout petit effectif dans la classe adaptée.

L’Établissement Daniel ne reçoit aucune subvention. Les contributions des familles ne couvrent pas les frais de fonctionnement, alors l’équipe compte sur les dons et parrainages. « Ça fait trente-sept ans que ça fonctionne par la grâce de Dieu », confie le directeur, qui rêve de quatre classes supplémentaires et de développer une prépa-métier.

Visiter le site de l’Établissement Daniel : https://www.etab-daniel.org/