«Ce soir, je vous propose d’essayer l’autolouange!» Benjamin Corbaz a apporté un ouvrage de la pédagogue belge Marie Milis qui prône cet exercice. Il s’agit de se décrire de manière positive en amplifiant et célébrant un trait de sa personnalité. «La seule règle, c’est de ne pas mentir, de dire la vérité», insiste le pasteur, qui ce soir de septembre a tout préparé pour un moment décontracté dans les canapés de la salle de l’Église Martin Luther King: boissons, apéro, jeu brise-glace, musique… C’est parti, Nastassia et Débora, seules participantes ce soir, et animatrices avec lui de ce groupe, se penchent sur leurs feuilles, je fais de même.

Prévenir

L’exercice n’est pas si simple. Même si «Dieu nous appelle et nous aime avec tout ce que l’on est», comme le rappelle Benjamin Corbaz, célébrer ses propres qualités n’est pas un exercice auquel on est confronté tous les quatre matins. Et encore moins de manière «libre et spontanée» comme il est recommandé. «Ce n’est pas si simple d’éteindre son cerveau rationnel», glisse Débora. Eteindre le cerveau rationnel, mettre sur pause la petite voix qui demande de produire toujours plus et plus vite, qui nous fait douter à chaque décision, c’est un peu l’ambition de ces soirées mensuelles. C’est en tout cas ce que sont venues y chercher Nastassia, qui entame sa vie professionnelle et préfère «prévenir» l’épuisement, et Débora, qui, en prise avec un problème de fatigue chronique, s’interroge sur son rapport au travail.

«On s’est rendu compte que le point commun à de nombreux jeunes adultes, c’est la question de l’épuisement professionnel ou du harcèlement», observe Benjamin Corbaz, lui-même passé par là, qui a depuis changé sa relation au travail «du tout au tout», même si des questionnements le tiraillent encore.

En Eglise, la problématique est prise en charge de manière individuelle par la Pastorale œcuménique du travail, ou de manière plus thématique avec l’association œcuménique Chrétiens au travail. Mais ici, discuter de l’épuisement en soi n’est pas tellement […]