Il est courant, pour faire connaissance, de parler des enfants et du métier. Ces questions jettent Catherine* dans un trouble perceptible par ses interlocuteurs. « J’ai l’impression que je suis définie par mes manques : pas de mari, pas d’enfant, et un appartement tellement minable que je n’ose y faire entrer quiconque. Chaque nouvelle rencontre me renvoie à tout ce que je n’ai pas. Par conséquent, je fuis les personnes que je ne connais pas. Je ne vais que vers celles à qui j’ai déjà raconté mon histoire. Ça me rassure et m’évite de me dévaloriser à nouveau ».

Heureux sans enfant

Valérie et David sont pasteurs tous les deux. Valérie raconte : « Ce qui m’a toujours frappé, c’est le «oh pardon» qui suit ma réponse à la question «vous avez des enfants ?». Les gens sont très gênés quand je dis que je n’ai pas d’enfants. Devant leur embarras, j’éclate de rire, et j’affirme «ça va pour moi, je ne suis pas mal, il y a des choses plus graves dans la vie». Mon interlocuteur respire. Bien sûr, au début, l’impossibilité d’avoir des enfants a été un vrai chagrin pour nous deux. Mais au bout d’un certain temps, nous l’avons vécu comme une bénédiction pour notre couple, qui s’en est trouvé renforcé. Aujourd’hui, je peux dire que cette stérilité était un cadeau de Dieu. Cela nous a donné une grande disponibilité pour notre ministère, une grande liberté. Oui, on peut être heureux sans enfant ! Nous ne sommes pas mariés pour avoir des enfants mais pour être un couple. J’ai envie d’ajouter : être parent est une vocation, il y a une unité de l’être, et si cela ne doit pas être, laissons faire ! Lors d’un séjour au Bénin, j’ai pu témoigner de cela auprès d’un collègue africain qui vivait comme un drame de ne pas pouvoir avoir d’enfant. Ce partage a pu faire changer le regard de ce frère. »

* Le nom a été changé