Du 9 au 13 mai, dans la campagne londonienne, des catéchètes de toute l’Europe se sont retrouvés pour discuter autour du thème suivant : « Accompagner les enfants sur leur chemin de foi : penser comme, vivre comme et être un disciple tout au long de la vie. »
Les conférences européennes de catéchèse ont commencé en 1974 en Suède et ont lieu tous les trois ans. ECCE est partagé en cinq groupe : l’Europe du Nord, du Centre, de l’Est, des pays latins (Suisse, Belgique, Italie et France avec les églises de l’UEPAL et l’EPUdF) et le Royaume-Uni. La France a accueilli deux fois ces rencontres, en 1980 et en 2010. La prochaine rencontre aura lieu en 2019 à Berlin, du 25 au 29 mars.
Un programme bien rempli et des rencontres riches
La thématique fut balisée dès le premier jour. Accompagner, cela signifie créer un espace, dans notre ministère auprès des enfants, pour leur propre spiritualité d’enfant, leurs expressions et leurs expériences. Il faut qu’ils soient au premier plan de notre ministère. Le « chemin de foi » est un chemin sans fin. Les enfants sont des disciples, des êtres humains, des sujets à égalité de valeurs et de droits et non des objets déficients et incomplets. Penser, vivre et être disciples : qu’est-ce-que cela veut dire dans le langage d’aujourd’hui et pour les enfants en catéchèse ? Du coup, accompagner les enfants dans leur chemin de foi pour qu’ils soient disciples est un grand défi pour celles et ceux qui exercent un ministère pour les enfants.
Etre disciple aujourd’hui
La réflexion s’est poursuivie sur e ce thème. Pour beaucoup d’entre nous, les mots internet, Google et YouTube n’existaient pas lorsque nous étions enfants. Pour certains, il n’y avait même pas la télé. Nous n’avions pas conscience d’un terrorisme en bas de la rue. Donner des nouvelles, consistait à écrire une lettre sur du papier et non écrire un texto ou skyper… Voilà pourtant ce qu’est le monde des enfants d’aujourd’hui. A quoi ressemblera le monde pour les enfants qui naissent au moment où j’écris ? Cette question porte un mélange d’espérance et de chance au regard de toutes les possibilités offertes par la technique pour communiquer et échanger. Cette même réalité nous fait vivre aussi la crainte et le désespoir face à l’individualisme de notre société. Nous avons à la fois plus de choix et moins de liberté. Nous vivons dans un monde qui sait de moins en moins différencier le réel et l’imaginaire. Les enfants ont accès, en un clin d’œil à la plus grande base de données de l’histoire. Mais ils ont souvent peu d’endurance et passent de l’une à l’autre parfois en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Enfin, ils ont de moins en moins d’espace et de temps pour émotions.
Etre disciple en imitant
Dans le monde actuel, les enfants sont confrontés à toutes les questions autour de l’accueil ou du rejet des réfugiés. Et, quel que soit ce que vous pensez être juste ou faux, les enfants vivent dans ce contexte. Comment un enfant apprend la grâce et la miséricorde quand, partout autour de lui, il voit les adultes grandir en ayant à choisir pour ou contre certains êtres humains ? Les disciples que Jésus appelle, le suivent. Ils sont imparfaits, obéissants (plus ou moins). Ils apprennent. Ils imitent. Ils partagent. Ils enseignent. Les enfants sont comme eux, tout comme nous le sommes. Qu’avons-nous dès lors à partager et à apprendre les uns des autres ? Les disciples que sont nos enfants ont besoin du sentiment du royaume inversé de jésus : Justice, partage, soin d’autrui, générosité… Inversé par rapport au royaume de la consommation à outrance qui exclut les pauvres et les étrangers. Les disciples ont besoin que leur soit donnée une direction ; d’être encouragés à prendre des risques et à en supporter le coût.
Les enfants avec leurs mots, leurs émotions, leurs corps, leurs sentiments d’enfants sont donc des théologiens. Ils sont capables de dialoguer avec les adultes sur Dieu, sur leur foi, leurs doutes. Combien de fois leurs questions laissent les adultes sans voix par leur pertinence, leur impertinence parfois aussi. Jésus le savait, lui qui disait : « Laissez venir à moi les enfants ».
Jésus : en exemple d’enfant théologien
Pourquoi sommes-nous étonnés par la foi de nos enfants qui nous invite à changer ? Jésus au temple à « 12 ans » étonne aussi. Parce que c’est jésus, mais aussi parce que c’est un simple enfant qui interroge la foi des adultes rassemblés. Si nous pensons que jésus était vraiment humain, acceptons de prendre ces questions comme celles d’un enfant ! A douze ans, c’est pour lui l’âge de la Bar-mitsvah, autrement dit l’âge auquel un enfant est considéré comme responsable pour prendre pleinement part à la vie religieuse de la communauté. Ne l’avons-nous pas oublié malgré notre rite affaibli de la confirmation. Ne devrions-nous pas prendre soin de ne pas ignorer ces questions des enfants ? Ne faut-il pas leur reconnaître cette responsabilité dans le domaine de la foi ? Cessons de considérer que les enfants nous entraînent dans des compromis désolants et voyons-les comme un cadeau qui nous permet de voir le monde d’une autre manière… Lorsque nous disons à des enfants ou des ados qu’ils peuvent changer le monde, pourquoi sommes-nous surpris lorsqu’ils essaient ? Et pourquoi sommes-nous ennuyés lorsqu’ils essaient de nous changer ? Regardons ce dessin : il nous dit que Dieu est à l’œuvre à l’intérieur de l’Eglise autant qu’à l’extérieur. Mais il nous dit aussi que nous ne pouvons jamais enfermer Dieu dans l’Eglise : Il est toujours plus grand, bien au de-delà. Que nous mettions l’accent sur une manière ou une autre de lire ce dessin, nous avons à dialoguer et agir ensemble : parents, grands-parents et enfants. De génération en générations. Dieu est le Dieu d’Abraham d’Isaac et de Jacob.