Je me suis mise à l’aquarelle après la naissance de mon troisième enfant. J’ai choisi ce médium parce qu’il était pratique et compatible avec mon rôle de maman. Très vite, l’aquarelle m’a passionnée et je m’y suis adonnée.
Qu’est-ce qui vient du travail ? Qu’est-ce qui vient du don ? C’est difficile à dire. J’ai progressé parce que j’ai travaillé. J’enseigne depuis vingt-six ans, j’ai des élèves qui ont l’impression d’avoir un don mais n’ont jamais intégré la notion de travail ; dix ans après, ils ont très peu évolué. D’autres viennent avec l’envie, ils sont peut-être moins doués mais sont motivés et, en travaillant, arrivent à des résultats étonnants.
Je me nourris des belles choses qui se dessinent
Lorsqu’on peint, on donne énormément de soi. J’aime les gens, je peins des histoires d’hommes. Ce n’est pas facile de peindre, ce n’est pas comme prendre un livre. Je ne peins pas pour me détendre et me faire plaisir, même si peindre me détend et me fait plaisir. Je sais, ça a l’air paradoxal. Ce n’est pas rien de peindre, il faut mettre en œuvre tout un processus, un état d’esprit, une réflexion… Quand on crée, quand on met son âme dedans, qu’on s’implique vraiment, ça prend beaucoup d’énergie. Mais ça en redonne aussi. Peindre m’apporte de la joie, beaucoup d’émotions. Quand je peins, je me nourris des belles choses qui se dessinent. Parfois, c’est magique.
Je vends mais je n’aime pas vendre. Peut-être justement parce que, quand je peins, je livre un peu de moi. Je préfère enseigner, je me sens privilégiée de pouvoir partager ma passion.
L’art nourrit notre âme, l’art est essentiel
Ou je devrais dire très important, plutôt. Respirer, manger, boire… sont des besoins essentiels ; ils nourrissent le corps. L’art passe juste après. Il nous interroge, nous invite à la réflexion ; il nourrit notre âme. Il propose d’autres versions de la vie. En ce sens, il contribue à notre progrès.
À travers une œuvre d’art, chacun peut mettre au jour ce qui compte au plus profond de lui : une musique, une belle couleur, une jolie forme… Certaines formes d’art sont probablement plus accessibles que d’autres mais chacun peut être touché. L’art suscite une émotion, quelque chose de créateur, de spirituel, il touche l’esprit. Ma foi n’est pas explicite dans mes œuvres, mais je pense qu’elle transparaît, je ne peux pas la dissocier de mon art, elle fait partie de moi.
L’art est thérapeutique
Je crois que l’art soigne. Il aide à se nourrir du beau. Depuis le temps que j’enseigne, j’en ai côtoyé des personnes qui traversent des épreuves ! Certaines ne veulent plus peindre, d’autres y mettent toute leur énergie parce que ça leur fait du bien. Je pense que l’art peut être thérapeutique parce que, quand on peint, on est dans le « maintenant ». On ne peut pas peindre sans être là. On ne peut pas penser à autre chose ; et être là, c’est déjà salutaire. Ce qui s’échappe de moi participe à ma guérison.
L’art est primordial et je déplore que, dans nos écoles, son enseignement soit aujourd’hui si théorique. On n’ouvre pas nos enfants à la pratique de l’art, on compte d’ailleurs de moins en moins de jeunes artistes, quel dommage !
Propos recueillis par Brigitte Martin