Pour paraphraser l’apôtre Paul, je dirais que, dans un corps, chaque membre est différent mais a besoin des autres et qu’il en va de même de notre Fédération : nous sommes divers mais nous formons un seul corps et sommes membres les uns des autres. La Fédération de l’Entraide Protestante a choisi d’encourager la collaboration plutôt que la concurrence, l’entraide plutôt que l’indépendance. En ce temps de compétition et de recherche de la performance, il est bon de rappeler qu’ensemble nous allons plus loin et que la solidarité est un mode de développement adapté à nos sociétés essoufflées.

La question politique de la fin de vie remet sur le devant de la scène des corps souffrants qu’en temps ordinaire on remise et on cache. Elle nous amène à nous interroger à la fois sur notre liberté à disposer de notre propre corps et notre responsabilité vis-à-vis de l’autre, plus fragile.

Le corps serait matériel, l’âme divine et l’esprit capable de penser. Certains, revenant à la racine, la psyché, terme emprunté au grec psukhê, qui désigne l’âme, considèrent plutôt cette dernière comme le siège de la pensée et l’esprit comme le lieu de la relation au divin, où souffle l’Esprit de Dieu. Seul le corps échappe à ces débats et tresse avec l’âme et l’esprit un espace à habiter.

Car il s’agit bien d’habiter ce monde et d’y faire corps ensemble. Comment y parvenir si ce n’est en acceptant notre corps tel qu’il est, en renonçant à paraître pour être, comme nous y invitent les auteurs de ce numéro de Proteste ? Il ne s’agit ni de se mettre à nu ni de se voiler mais de lâcher prise pour cultiver cette maturité intérieure que d’aucuns appellent la foi et que l’on reçoit d’un Autre.

Y a-t-il plus grande joie que de se sentir accueilli corps et âme, et aimé ? De ne plus avoir besoin de prouver qu’on existe mais simplement de devenir soi à travers le regard de l’autre ? Et s’il y avait là matière à redonner un peu de poids à l’insoutenable légèreté de nos vies ?