Moins de dix ans plus tard, l’établissement indépendant accueille cent cinquante-cinq élèves, de la maternelle à la classe de troisième. Et les listes d’attente sont longues…

Lydie Jean-Théodore mûrit son projet pendant deux ans, entourée d’un comité de pilotage très actif : professeurs, parents, infirmier, pédiatre, juriste… Elle veut offrir une alternative aux écoles publiques bondées, enfants difficiles à gérer, classes à gros effectifs et violences à la récré. Une école qui transpire les valeurs chrétiennes portées par ses enseignants. Une école où il fait bon vivre pour les enfants. La demande émane d’abord de certains parents membres de l’AFPM1 à laquelle est adossé l’établissement, mais pas seulement. Il y a aussi les amis, les voisins et des gens qu’on ne connaît pas. En septembre 2014, trente enfants sont accueillis jusqu’au CE2. Un an plus tard, l’école ouvre le CM1 et l’année suivante le CM2. Nathaniel Caron est prof d’histoire-géo. Face au désarroi des parents d’élèves de CM2 – où va-t-on inscrire nos enfants en sixième ? – il s’attelle au projet collège. Une classe de sixième ouvre en 2019, les autres suivront. Huit enseignants œuvrent aujourd’hui à temps plein en primaire et six au collège2 . Un professeur par matière dès l’élémentaire, c’est novateur.

On annonce la couleur

Contre toute attente, Le Petit Prince n’accueille qu’une petite majorité d’enfants de familles chrétiennes, protestantes ou catholiques. Les autres sont musulmanes, juives ou athées, mais en phase avec les valeurs chrétiennes affichées. « On explique bien nos valeurs aux parents, on n’a jamais eu aucun problème concernant la foi, tous les enfants sont à l’aise, c’est beau à voir ! » se réjouit Lydie Jean-Théodore. Ici, on accepte et respecte l’élève tel qu’il est, quel que soit son arrière-plan familial et religieux. Et si un enfant refuse de chanter pour remercier Dieu pour la poêlée de légumes dans son assiette, personne ne s’en affecte. Le témoignage des enseignants prévaut, leur manière d’être et de faire, de vivre leur foi, de gérer les conflits, d’être à l’écoute.

Les élèves apprennent dès le plus jeune âge le sens des responsabilités, l’ouverture aux autres, et même le langage des sourds-muets, on ne sait jamais. Côté collège, les élèves bénéficient d’une heure par semaine de culture biblique. La découverte des grandes histoires de la Bible qui ont inspiré tant d’auteurs et artistes fait partie de la culture. Le programme de l’Éducation nationale est scrupuleusement suivi mais, dans certaines matières, on se permet d’évoquer Dieu. « On peut relier la complexité des choses qui nous entourent à la toute-puissance de Dieu. Il n’y a pas de contradiction entre la foi et la science », défend Nathaniel Caron.

Des petits effectifs

Avec douze élèves par classe en primaire et quatorze au collège, forcément, l’enseignement est très individualisé ; l’établissement accueille quelques enfants aux besoins spécifiques ou en décrochage scolaire. Les projets annuels sont nombreux – concours de plaidoiries, journées à thème, classes ouvertes… – et les options variées pour les collégiens : théâtre, chant, musique, menuiserie, électricité, community management… Qui dit petits effectifs dit moins de familles et une collaboration étroite avec les parents toute l’année. À chaque fin de trimestre, c’est en main propre que les enseignants remettent aux parents le bulletin scolaire. Les regards se croisent, les dialogues sont constructifs. Ça fait rêver…

1 AFPM, Association familiale protestante Maranatha.

2 Plusieurs bénévoles et jeunes en service civique rejoignent chaque année l’équipe.