Selon une enquête publiée par l’IFOP en janvier 2018, un quart des salariés a aujourd’hui recours au télétravail en France. Toutefois, seuls 6 % des salariés le pratiquent de manière contractuelle. Les réticences de la part des employeurs (la culture du présentéisme est toujours très forte en France), mais aussi des salariés, sont encore vives.

Aurélien Carrodano, coordinateur de programmes chez Greenpeace France à Paris, n’y voit pourtant que des avantages. Avec d’autres salariés de Greenpeace, il milite pour que la politique de télétravail y soit plus progressiste. «  On peut davantage se concentrer pour lire un dossier ou la rédaction d’un document ; on évite la course et le stress de prendre le train à l’heure et on fait des économies de transport. Pour ma part, cela me permet aussi d’aller voir mes parents plus facilement dans le Sud car je peux travailler chez eux et ça m’épargne de prendre le train le vendredi soir aux heures de pointe. » Si le télétravail était davantage déployé, le jeune homme y verrait aussi la possibilité de vivre en dehors de Paris et de gagner en confort de vie. Il pense aussi que cela pourrait être bénéfique pour l’entreprise car elle pourrait recruter plus largement.

Une formule test chez Greenpeace

Chez Greenpeace France, une formule test a démarré en septembre, pour un an, afin d’étudier si le développement du télétravail est bénéfique pour l’entreprise et les salariés. Un groupe de pilotage, composé des managers des salariés qui optent pour le télétravail, de représentants de la direction et des équipes qui travaillent avec les télétravailleurs, fera un point d’étape pour mesurer l’effet.

Les salariés de Greenpeace peuvent bénéficier actuellement de vingt jours de télétravail par an ou un jour par semaine.

« Mais ce n’est pas possible de faire du télétravail à 100 % pour la plupart des salariés, déplore Aurélien Carrodano. Les craintes sont encore nombreuses, selon le coordinateur de programme : le suivi du travail par la direction ou le manager, l’impact sur la cohésion de l’équipe, l’isolement du salarié, le manque de déconnexion.  » On peut souligner aussi la peur de ne pas pouvoir progresser dans sa carrière, de se couper des informations informelles ou que l’équipement informatique ne soit pas pris en charge par l’employeur…

Un accord de gré à gré

Il est vrai que le cadre juridique français reste encore assez flou, malgré des directives et législations. En 2002, les partenaires sociaux européens, sous l’impulsion de la Commission européenne, avaient souhaité y mettre de l’ordre en signant un accord-cadre. Et l’ordonnance dite « Macron », en vigueur depuis le 24 septembre 2017, a assoupli le régime juridique du télétravail dans l’objectif de développer le recours à ce mode d’organisation.

Le salarié en télétravail peut travailler depuis son domicile avec l’aide des outils de télécommunication mais également dans un bureau équipé et mis à sa disposition par son entreprise, ou encore dans tout autre lieu choisi en concertation avec son employeur comme un télécentre ou un espace de coworking. Il dispose des mêmes droits et obligations que les autres salariés.

Néanmoins, le télétravail ne peut se mettre en place que grâce à un accord entre l’employeur et le salarié. Et il revient aux entreprises de décider des conditions et de poser un cadre, soit via le Conseil économique et social, soit par une charte.