Cette image bien réductrice du scoutisme a au moins le mérite de rappeler, à raison, qu’au cœur du mouvement de jeunesse et d’éducation populaire se tient le rapport à l’autre, à la nature, à la spiritualité.

Gérées par et pour des jeunes nés à l’ère du numérique, les associations de scoutisme et de guidisme sont aujourd’hui connectées aussi au Web. Cette connexion numérique n’enlève rien à ce qui constitue le cœur de la pédagogie scoute : l’apprentissage par l’action, la vie en groupe et le contact avec la nature.

Il est impossible de faire l’impasse sur ce monde parallèle du numérique, où chaque entité vit une existence dématérialisée et interagit avec les spectres dématérialisés d’autres entités. Les associations conversent avec leurs partenaires en soutenant une proposition via un like (j’aime) sur Facebook ou un retweet sur Twitter, exposent leurs idées ou leurs activités avec des photographies glissées sur Instagram, invitent leurs adhérents sur la toile, participent à une discussion avec les pouvoirs publics en ligne…

Pour les jeunes aussi, les réseaux sont des espaces de choix. Ils renforcent le sentiment d’appartenance, créent une nouvelle forme de vivre ensemble et d’affirmation de soi. Par exemple, « Je suis éclaireuse » se revendique désormais par un simple like du dernier événement proposé aux adhérents sur le groupe Facebook, le partage d’informations et d’idées avec les membres de la communauté ou le post d’une photo, foulard en bonne place autour du cou.

Le numérique se révèle être un formidable outil de rencontre. Dans ce monde globalisé et virtuel, où le frère ou la sœur scout·e d’Inde ou d’Argentine n’est désormais qu’à un post, un tweet ou un message WhatsApp, le numérique offre des opportunités inespérées de découvrir le monde, rencontrer l’autre, vivre la fraternité et la sororité scoutes mondiales. À la connexion radiophonique d’antan se substitue la connexion numérique internationale. Ainsi, l’Organisation mondiale des mouvements scouts propose chaque année, en octobre, le jamboree en ligne Joti Jota, camp virtuel XXL où les scouts et guides du monde entier se rencontrent.

Pour autant, rien ne remplace le rapport direct à l’autre, l’aventure dans la nature, l’expérimentation, la vie « en vrai ». La proposition de la pédagogie scoute demeure un principe qu’aucune pratique numérique ne peut ébranler. La méthode scoute, fondée au début du XXe
siècle par Robert Baden-Powell (rapidement rejoint par sa sœur Agnès, puis son épouse Olave), repose sur sept principes qui rassemblent aujourd’hui plus de soixante millions de jeunes à travers le monde. Le nouvel essor du scoutisme en témoigne : l’apprentissage par l’action, l’expérience de la  en groupe ou encore la pratique de la vie dans la nature séduisent un nombre toujours plus grand de jeunes – et moins jeunes – à la recherche d’un nouveau souffle pour nos sociétés numérisées et de plus en plus urbaines. Déconnecter pour mieux reconnecter, s’échapper et vivre autre chose pour mieux progresser et participer… le scoutisme offre une respiration chargée de sens.

Manon Soubeyran, secrétaire régionale FEP pour l’Île-de-France