Il y a plus d’un an, l’appel de Lundi Vert était lancé par le psychologue Laurent Bègue et l’économiste Nicolas Treich. Le premier est professeur de psychologie sociale à l’université Pierre-Mendès-France de Grenoble et il dirige la Maison des Sciences de l’Homme-Alpes du CNRS. Le second est directeur de recherche à l’INRA. Tous deux ont publié une tribune dans Le Monde daté du 7  janvier 2019, signée à l’époque par 500 personnalités, artistes, sportifs, acteurs de la vie publique, intellectuels et scientifiques, que l’on peut retrouver sur le site Internet de Lundi Vert (www.www.lundi-vert.fr).

Sensibiliser et étudier

À travers ce manifeste, les auteurs souhaitent sensibiliser la population aux enjeux climatiques, sanitaires et éthiques de la consommation de chair animale, pour participer à la réduction de ses effets néfastes. Se fondant sur les études scientifiques reconnues, les auteurs du manifeste expliquent ainsi, qu’en matière environnementale, « l’élevage représente une cause principale de déforestation et de perte de biodiversité. De plus, il contribue, selon les Nations unies, à 14,5 % des émissions totales des gaz à effet de serre. »

Quant à la santé, les deux scientifiques ont souligné que « manger moins de viande contribuerait à atténuer le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète et d’obésité ». Enfin, ils mettent en avant le bien-être animal : « L’image commerciale d’animaux heureux en élevage (bio ou non) est presque toujours fausse. »

Ces analyses n’ont pas manqué de faire des remous, notamment auprès des professionnels de l’élevage et de l’alimentaire. Ces derniers dénoncent une méconnaissance des réalités et la participation à la diffusion d’une fausse image. « Notre appel est loin de celui du véganisme total », rétorque Nicolas Treich.

Des habitudes bien ancrées

Le Lundi Vert existait déjà dans une quarantaine de pays avant le nôtre. Le mouvement français s’inscrit dans le sillage du mouvement mondial lancé en 2003 par l’École de santé publique de l’université Johns-Hopkins de Baltimore. La France serait-elle à la traîne sur cette question de surconsommation animale ? « Nous avons des habitudes alimentaires bien ancrées et inscrites dans notre patrimoine et notre culture », répond Nicolas Treich.

Un des objectifs de Lundi vert est d’inciter des volontaires à entrer dans cette démarche et à se faire connaître. Dès les premières semaines du lancement, 25 000 personnes s’étaient inscrites sur le site Internet pour participer et également contribuer à la recherche scientifique. Aujourd’hui, les données récoltées alimentent des études sur les effets de ce choix, sur les comportements alimentaires et leurs évolutions, et permettent d’élaborer un profil socioculturel. « Le profil dominant serait une femme éduquée, jeune, urbaine, d’une catégorie professionnelle élevée et ouverte à l’expérience », explique Nicolas Treich. Et d’après une enquête menée en décembre de l’année dernière, 89 % des personnes interrogées (sur 11 000 participants) ont répondu qu’elles souhaitaient continuer cette démarche.

Mais, pour ses initiateurs, Lundi Vert doit aller bien au-delà et participer à un changement global. « Nous avons lancé cet appel, à charge maintenant à la société de s’en emparer et de continuer les efforts », conclut l’économiste.

Ainsi, en octobre dernier, près de 800 restaurants universitaires du Crous se sont engagés à revoir leur menu. Une nouvelle sensibilisation devrait aussi voir le jour en mai prochain, à travers une large campagne d’affichage. Mais, afin de mener à bien ce projet, Lundi Vert lance un appel aux dons pour récolter les 18 500 euros nécessaires.