Un plan en trois axes, de la “solidarité”, un renfort de la formation des étudiants et moins de formalités administratives. Voilà qui résume le pacte du Gouvernement pour lutter contre les déserts médicaux. Présenté par le Premier ministre, François Bayrou, à l’occasion d’un déplacement dans le Cantal, vendredi 25 avril, ce plan était attendu depuis de nombreuses années par les professionnels de santé, ainsi que les habitants des populations des déserts médicaux.
Dans un premier temps, l’exécutif souhaite renforcer la formation des étudiants en médecine et améliorer les voies d’installation post-études. Pour ce faire, “l’accès aux études de santé sera élargi et disponible désormais dans chaque département à compter de la rentrée 2026”, souligne le rapport du gouvernement. Ainsi, des antennes de formation et des campus connectés vont se généraliser sur l’ensemble du territoire afin d’ouvrir les études de médecine au plus grand nombre. Une solution qui pourrait permettre aux étudiants résidant en désert médical de ne pas quitter leurs régions pour les études et de rester sur place une fois diplômés. À ce sujet, plus de 3 700 internes de 4e année de médecine générale exerceront à partir de la rentrée 2026 sur l’ensemble du territoire, précise le rapport, avec de fortes incitations à découvrir l’exercice médical en zone sous-dense.
Cartographier la France des déserts médicaux
Une autre mesure forte annoncée par le gouvernement est de réaliser une cartographie actualisée du phénomène des déserts médicaux. Pour ce faire, les ARS (agences régionales de santé) seront chargées avec les préfets et les élus locaux de transmettre d’ici la fin du mois de mai, les “zones rouges”. Autrement dit, les zones dans lesquelles l’accès aux soins est particulièrement insuffisant, voire nul. Ces zones seront ensuite classées comme prioritaires afin de leur apporter au plus vite des médecins.
Pour rappel, en 2024, on estime que six millions de Français n’avaient pas de médecin traitant et que 87 % du territoire était classé en désert médical. Des chiffres à remettre en perspective avec ceux du nombre de généralistes. Selon l’Ordre des médecins, le nombre de médecins généralistes et spécialistes en activité régulière (hors remplaçants et retraités actifs) en France était de 199 089 praticiens au 1er janvier 2024, rapportait ICI en octobre dernier.
Solidarité dans les zones prioritaires
La proposition la plus controversée du pacte gouvernemental concerne le “principe de solidarité” annoncé par François Bayrou. Ce dernier souhaite imposer aux médecins jusqu’à deux jours par mois de temps de consultation dans les zones prioritaires du territoire, rapporte Le Monde qui cite l’AFP. Concrètement, les médecins – généralistes et spécialistes – qui exercent dans “un territoire (considéré comme) bien pourvu” devront, “une ou deux fois par mois, s’organiser pour faire des consultations dans les zones rouges.”
Du côté des médecins, cette proposition n’a pas été bien accueillie. Pour cause, les jeunes médecins ont lancé un appel à la grève à partir du lundi 28 avril et ils seront suivis par les généralistes dès le lendemain. Par ailleurs, la présidente de la Fédération des médecins de France, Patricia Lefébure, a déclaré à l’Agence France-Presse : “Il faut nous protéger, il faut nous aider, il ne faut pas nous contraindre et nous menacer”, soulignant : “C’était (possible) quand il y avait encore pas mal de médecins. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de médecin, c’est un peu tardif.”
Enfin, le gouvernement souhaite simplifier le travail des praticiens en réduisant la charge de formalités administratives liée à leur emploi. Il propose notamment de supprimer “les certificats médicaux ne reposant sur aucun fondement juridique ou médical” et de plafonner “les activités médicales secondaires, telles que la médecine esthétique pratiquée par des médecins généralistes par exemple”. Ainsi, l’application de l’ensemble des mesures annoncées permettrait un bénéfice de 50 millions de consultations supplémentaires par an.