Par Sylvain Cuzent, administrateur de Soleil et santé

Par lui-même le nom de cette association nous parle d’une autre époque. Celle où on recherchait le soleil dont on ne savait pas qu’il générait des dégâts de la peau ! Celle ou les citadins découvraient la vie en plein air synonyme de jeunesse, de bien-être et de bonheur. En 1931, ce nom n’avait donc pas été choisi au hasard par les responsables de la Mission populaire qui voulaient la doter d’un outil au service des vacances, des familles, et des enfants de ses Fraternités. La Mission populaire se situait ainsi parmi les pionniers pour affirmer ce droit aux vacances qui, quelques années plus tard, sera intégré dans le programme du Front populaire puis dans la loi. On connaît tous ces images symboles du Front populaire, de couples jeunes et beaux, cheveux au vent, pédalant sous le soleil pour aller voir la mer.

Rappelons que pour la Mission populaire, le droit au repos est constitutif de son identité. La Bible à laquelle elle se réfère situe le repos dès le commencement. En six jours le monde a été créé, le septième étant décrété jour de repos, jour béni (Genèse 2.3). Façon de dire que, si le travail est nécessaire à organiser et permettre la vie, le repos est un temps également nécessaire, un temps particulier, mis à part, sacré, c’est-à-dire essentiel à la vie, fondamental. L’association Soleil et Santé reflète cette volonté de favoriser l’accès à ce temps où l’on peut se reposer, savourer la vie et se réjouir de ce que l’on a soi même créé en même temps que le travail : une famille, des enfants, un réseau d’amis, des passions, … Pendant des décennies les colonies et séjours de vacances de Soleil et Santé permettront à un grand nombre d’enfants et d’adolescents mais aussi à leurs familles, de partir en vacances, de découvrir d’autres régions, de rencontrer d’autres personnes, de se faire des amis, ce qu’ils n’auraient peut-être pas pu faire sans l’aide de l’association. Ceux qui ont connu ces périodes se souviennent encore, avec nostalgie parfois, du manoir de Coqueréaumont en Normandie et des jours de pluie sans fin, des magnaneries du Valdeyron dans les Cévennes et de la poussière noire qui collait aux peaux trempées de sueur, de ce vieux domaine de la Bernerie près de Pornic avec sa petite plage, de Saout et sa forêt dans la Drôme ou de Peyrebrune dans le Lot, grignoté par les termites. Peu à peu, pour différentes raisons (dont la nécessité de mise aux normes ; toujours plus exigeantes ; n’est pas la moindre) Soleil et Santé a fermé puis vendu un à un chacun de ces lieux. L’argent retiré permettait d’acquérir un nouveau site qui faisait à son tour l’objet de la même opération quelques années plus tard. Bien souvent cet argent offrait aussi un ballon d’oxygène financier à une association chroniquement et périodiquement à court de trésorerie.

Le centre de vacances de Sainte Honorine des Pertes, dans le Calvados, est le dernier lieu que Soleil et Santé peut offrir comme lieu de vacances. Situé en bordure de mer dans un petit village qui connut les heures difficiles du débarquement allié de 1944, il dispose de salles d’activités et des lits pour quarante personnes. Saura-t-il échapper à la fin que connurent les différents autres lieux ? L’avenir le dira et l’équipe en charge aujourd’hui de l’association s’y emploie. Mais la volonté, fût-elle bonne, ne suffit pas toujours.

Mission populaire et Soleil et Santé sauront elles unir leurs forces et leurs idées pour inventer un renouveau des façons de concevoir les séjours de vacances et ainsi offrir de nouvelles perspectives ? C’est ce à quoi elles veulent ensemble s’atteler.