Deux ans après le début de la pandémie en France, c’est la fin des jauges, du masque et du pass vaccinal. Du moins, pour l’instant. Ainsi, il est désormais possible de retrouver les conditions normales d’accès aux lieux culturels. Une enquête réalisée en septembre 2021 et publiée le 27 octobre de la même année donnait un résultat effarant, note Le Monde : depuis la réouverture des lieux culturels et la mise en place du pass sanitaire, 51% des personnes qui allaient au cinéma une fois par an étaient retournée en salle, 40% de celles et ceux qui allaient au musées étaient retournés voir des expositions et 27% des amateurs de musique avaient assisté à un concert. S’agissant du théâtre, ils et elles n’étaient que 25% à y revenir. Le 20 février, Le Monde a lancé un appel à témoignages sur son site pour tenter de comprendre ce qu’il en est aujourd’hui.

Il y a d’abord celles et ceux qui attendaient la fin du masque et du pass. “J’attends que tombent les masques pour redevenir la cinéphile que j’étais”, expliquait Ève au Monde. “Je recommencerai à sortir dès que le passe vaccinal sera levé, le contrôle des citoyens est inadmissible”, avançait Catherine. “Ce que je vis depuis 2021 dans mon rapport aux lieux d’art est pour moi un choc émotionnel et sociétal. Je suis vacciné, mais comment accepter que des citoyens fréquentant ces lieux soient contrôlés par d’autres citoyens (salariés de ces institutions) ? Le rôle des lieux culturels n’est ni de mener une politique sanitaire ni de transformer ses salariés et/ou bénévoles en ‘contrôleurs sanitaires’. Cela a fondamentalement changé ma pratique culturelle, car depuis je renonce à retourner dans ces différents lieux qui ont eux-mêmes renoncé à leur liberté, et à la nôtre !” déplore quant à lui Dominique.

“La culture, c’est du vivant”

Il y a ensuite celles et ceux qui ne sortent plus, comme Nicolas, étudiant de 25 ans. “Le Covid m’a permis d’être moi-même. J’aime être chez moi, me reposer tranquillement devant une soirée Netflix avec ma moitié. Je ne me sens plus obligé de sortir pour rentrer dans les normes de la société et, ce choix, j’ai l’impression que mon entourage l’accepte mieux depuis la crise sanitaire.” D’autres ont perdu le goût des sorties. “Le streaming et le replay me permettent de gagner en temps”, raconte Diane, qui avait l’habitude d’aller au cinéma et qui s’est finalement abonnée à Netflix et Amazon Prime. Le streaming a donc pris une part importante chez certains. “J’ai pris conscience que je me passe très bien du cinéma en salle”, ajoute Catherine. “Ma nouvelle consommation de séries entières a changé quelque chose : l’envie des salles obscures ne revient pas… et la qualité de beaucoup de ces séries est une découverte”, abonde Daniel.

Et puis, au contraire, il y a celles et ceux qui sont devenus “boulimiques” de la culture, écrit Le Monde.  “J’habite en région parisienne, mais je ne profitais plus du bouillonnement culturel de la capitale depuis bien longtemps. Le travail, les enfants, les mauvaises habitudes… Je n’y allais pas, mais c’était important de savoir que c’était là, à portée de main. Paradoxalement, le confinement et la fermeture des établissements culturels ont créé un manque. Je me suis rendu compte à quel point la possibilité d’avoir une vie culturelle pouvait être structurante. Depuis la reprise, je vais régulièrement au théâtre, aux concerts, aux expositions, bien plus souvent qu’avant la fermeture. Quel plaisir retrouvé !”, témoigne Charles. “Mes enfants m’avaient abonnée à Netflix, mais ce n’est pas du tout pareil, rien ne remplacera le cinéma. Et puis la culture, c’est du vivant, c’est ce qui nous fait réfléchir, rêver, nous rencontrer, c’est une évasion”, explique Christine, 60 ans.