La fermeture des discothèques le 6 décembre dernier n’augurait déjà rien de bon. La prolongation de cette mesure, annoncée mercredi 29 décembre, vient couronner les nouvelles restrictions que l’exécutif a déclaré, en début de semaine, vouloir mettre en place pour faire face à la nouvelle vague de Covid-19 et pour “freiner le variant Omicron”. Interdiction, donc, des concerts debout à laquelle s’ajoute le retour des jauges : 2000 personnes maximum en intérieur et 5000 en extérieur. Forcément, ces nouvelles sont perçues comme un nouveau coup dur pour le secteur de la musique, en particulier la musique live.
Le chanteur Julien Doré, dont la plupart des concerts affichent déjà complet, n’a pas hésité à ironiser sur l’autorisation des meetings politiques et l’interdiction des concerts, en modifiant sur Facebook l’affiche de sa tournée et indiquant qu’il ne serait plus “en concert” mais “en meeting”. De nombreux artistes comme lui avaient programmé ou reprogrammé leurs grands concerts au printemps 2021 afin de s’adapter à la situation sanitaire en France, relate La Croix.
La pandémie paralyse le secteur depuis deux ans
“On redevient un secteur interdit, c’est le désespoir de nouveau”, déplore Malika Séguineau, directrice générale du Prodiss (syndicat national du spectacle musical et de variété), auprès de l’AFP. “On a bien conscience de ce qui se passe avec la crise sanitaire, mais on a joué le jeu du pass sanitaire depuis cet été – et on jouera celui du passe vaccinal – et on a joué le jeu du masque. C’est terrible. Nous n’avons pas été consultés”, regrette-t-elle.
Les nouvelles mesures, adoptées à l’issue d’un Conseil de défense sanitaire et d’un Conseil des ministres, prendront effet à partir de lundi prochain pour une durée de trois semaines. “Et qui nous dit que ces mesures ne vont durer que trois semaines ?”, se demande Angelo Gopee, patron de Live Nation France, structure majeure du spectacle vivant. D’autant que la pandémie paralyse le secteur depuis deux ans. En 2020, l’activité des spectacles s’est effondrée de 90 % dans l’Union européenne, et celle de la musique de 58 %, selon une étude EY/Gesac, citée par La Croix. Pour l’année 2021, à cause des annulations de grands concerts et de festivals estivaux, les pertes de chiffre d’affaires du secteur de la musique live sont estimées à 80-85 %.
Soutien financier du gouvernement
En France, le spectacle musical devrait être, en 2021, “une nouvelle année noire”, titrait un article du journal Le Monde. D’après une étude du Centre national de la musique (CNM), le chiffre d’affaires du secteur chutera de 75 % à 82 % cette année par rapport à 2019. Même si “bon nombre de festivals ont pu se tenir cet été, grâce à l’opiniâtreté des organisateurs, qui se sont adaptés à une situation fluctuante, et grâce au fonds festivals abondé par le ministère de la Culture, c’est l’arbre qui cache la forêt”, analysait en octobre dernier Jean-Philippe Thiellay, président du CNM, pour le quotidien.
Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, a tenté de dissiper les inquiétudes du secteur en confirmant, une nouvelle fois, le soutien financier du gouvernement. “L’État va demeurer au côté de ceux qui seront affectés par ces nouvelles mesures, circonscrites dans le temps et adaptées à l’évolution de la situation sanitaire”, a-t-elle écrit sur Twitter, insistant sur le “courage” et la “responsabilité” du monde de la culture face à la pandémie.