Chaque soir, le petit Albert Schweitzer priait avec sa maman pour tous les humains. Mais, en secret, il ajoutait une prière pour tout ce qui respire… C’est du moins ce que raconte celui dont l’engagement sera récompensé en 1952 par le prix Nobel de la paix. Enfant déjà, le futur théologien et médecin était donc tourmenté par toutes les souffrances qui accablent les créatures, quelles qu’elles soient. Cette sensibilité l’amènera plus tard à la conclusion que l’éthique doit s’étendre à tous les êtres vivants, à la différence de la pensée européenne qui, selon lui, ne s’intéresse qu’aux comportements des hommes entre eux.
Mais cette nouvelle éthique, inspirée aussi par les sagesses orientales, Schweitzer ne se contente pas de la développer dans des livres ou du haut de la chaire : il veut la mettre personnellement en pratique, convaincu que l’exemple est le seul moyen d’influencer les autres. Voilà pourquoi le théologien protestant, né en 1875 en Alsace, d’abord pasteur à Strasbourg, se lance dans des études médicales.
Lambaréné, Gabon
Son objectif: créer un hôpital en Afrique. Ce sera à Lambaréné, au Gabon. En avril 1913, avec son épouse, Hélène Bresslau, il y fonde – de manière tout «improvisée», affirme-t-il – un village-hôpital. Il s’y installe définitivement à partir de 1924, ne retournant en Europe que pour y donner des concerts. Car cet esprit universel avait à son actif également une formation d’organiste, art dans lequel il excellait, au point qu’il soutenait son œuvre en Afrique avec les bénéfices de ses prestations musicales.
L’expérience lui fera forger une formule résumant l’ensemble de sa démarche, animée par […]