Après 2013 et 2015, le Vatican participe une nouvelle fois à la Biennale de Venise qui fermera ses portes mercredi 24 avril. Mais cette fois, le Saint-Siège a installé son pavillon dans un endroit original : le jardin de la prison pour femmes de l’île de la Giudecca, en Italie, confirme l’agence de presse Vatican News. Elle annonce d’ailleurs que le pape se rendra sur place le 28 avril prochain. Le choix de cette destination n’est pas lié au hasard, au contraire. Le cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère pour la Culture, il s’agit d’une expression de réciprocité et de transformation, de chemins d’espérance, d’une rencontre entre différents artistes et les détenues.
L’exposition, intitulée “Avec mes yeux”, est née de celle-ci. “Les artistes sont arrivés ici les mains vides, et ont recueilli les récits de vie, les images, les cris de douleur, les espaces vides et les désirs qui naissent dans ces cœurs qui, avec l’aide de l’art, sont devenus une grande parabole”, raconte le cardinal. Les détenues “sont devenues avec leurs histoires la parabole qui raconte toute une vie”, poursuit-il. Grâce à l’art, “nous avons réalisé que le grand défi est de trouver de nouvelles expressions, de nouvelles visions du monde qui rendent justice à l’humain”. Le cardinal y voit également un moyen de contrer la “culture du jetable” tout en s’ouvrant à une culture capable de “servir la personne avec espoir, même dans la vulnérabilité”. Il est persuadé que l’art contemporain peut être un moteur marquant le désir de nouveaux chemins vers la fraternité.
Reprendre confiance en l’avenir
Plutôt que de se limiter à une présentation, le Vatican a également souhaité que des détenues soient formées, de façon à pouvoir présenter l’exposition. Giulia fait partie de ce petit groupe et parle sans détour de l’émotion, de l’enthousiasme et tout simplement de la joie apportée par tout le travail réalisé. De quoi reprendre confiance en l’avenir parce que “rien ne se crée et rien ne se détruit”. Pour la détenue, il est important que ce chemin se poursuive parce qu’“une rencontre comme celle-ci transforme des femmes qui se sont trompées, en ressources conscientes”.
Si aujourd’hui la bâtisse abrite des détenues condamnées à de longues peines, la prison était autrefois un couvent de femmes converties. Il abritait alors des prostituées qui avaient quitté cette vie et qui avaient été confiées aux soins de l’Église.