Les amateurs d’histoire de l’art ont été privés de visites à la Fondation Bemberg pendant trois ans. Mais ça y est, la rénovation de l’hôtel d’Assézat est terminée. Depuis le vendredi 2 février, 400 des 700 œuvres de la fondation toulousaine sont de nouveau visibles. Elles retracent pas moins de cinq siècles d’histoire de l’art européen, rappelle franceinfo. Mais avant de les admirer, les visiteurs du site devraient d’abord être frappés par la beauté de leur écrin. L’hôtel d’Assézat mérite plus qu’un regard. Situé dans la vieille ville de Toulouse, il porte le nom de celui qui l’a fait construire. Marchand du XVIe siècle, le protestant Pierre d’Assézat avait fait fortune dans le commerce du pastel.
Devenu capitoul (magistrat de Toulouse) en 1552 puis en 1562, Pierre d’Assézat a même été anobli. Mais en 1562, l’expulsion des protestants de la ville met un terme à son mandat. De retour dix ans plus tard dans la Ville rose, il obtient le pardon du roi de France et se convertit au catholicisme. La bâtisse qu’il a laissée derrière lui est un “chef-d’œuvre hors norme”, estime Pascal Julien, historien de l’art. “C’est l’hôtel particulier de la Renaissance française le mieux conservé, le plus remarquable et le plus intéressant d’un point de vue historique et esthétique”, ajoute-t-il.
Titien, Caillebotte, Signac
Les travaux visaient à réhabiliter les espaces, à renouveler la muséographie, la création de nouveaux espaces pour les expositions temporaires. Ils ont également permis de créer une billetterie-boutique et un accès pour les personnes à mobilité réduite. Le collectionneur Georges Bemberg n’a jamais caché avoir eu un véritable “coup de cœur” pour l’hôtel d’Assézat, où la Ville lui a proposé d’installer sa collection en 1995.
L’ensemble compte plus de 700 œuvres. Des peintures, des sculptures et d’autres objets d’art décoratif, dont 400 sont présentés dans les 800 m2 d’espace muséal de la fondation. Les grands noms sont légion : Titien, le Tintoret, Lucas Cranach l’Ancien, Antoon van Dyck, Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun, François Boucher, sans oublier Caillebotte, Pissarro, Monet, Signac, Egon Schiele ou encore Matisse. “Un des traits de la collection, c’est aussi d’avoir des œuvres atypiques pour certains grands noms”, précise Ana Debenedetti, la directrice de la fondation Bemberg. C’est le cas d’un dessin de 1917 signé Pablo Picasso, qui représente l’oncle de Georges Bemberg, peintre et ex-élève du maître espagnol.