Après des décennies à l’affiche du Théâtre de la Huchette, deux pièces cultes de l’écrivain roumano-français Eugène Ionesco viennent de marquer l’histoire. « La Cantatrice chauve » et « La Leçon » ont été jouées pour la 20 000ème fois dans ce petit repère culturel parisien, une première dans le monde, comme le rapporte FranceInfo.  

Sur scène, le directeur de la Huchette fait les présentations : « Vous allez assister à la mise en scène d’origine de Nicolas Bataille, dans les décors et les costumes d’origine de Jacques Noël, avec les comédiens d’or… (rires) toujours renouvelables », annonce Franck Desmedt.

Il va sans dire que les acteurs ne sont pas d’origine. Toutefois, certains sont là depuis des décennies. C’est le cas de Didier Bailly : « Je travaille au théâtre de la Huchette dans La Cantatrice chauve depuis 37 ou 38 ans, je ne sais plus exactement. C’est un texte extrêmement fort. Chaque soir, je suis émerveillé d’entendre les répliques de mes partenaires. Le génie, ça ne s’explique pas ».

Une expérience exceptionnelle 

Tout le charme de la représentation réside dans son caractère inchangé. Les dialogues absurdes d’Ionesco comme la mise en scène sont les mêmes depuis le 16 février 1957. Ainsi, les spectateurs sont transportés dans le temps. « C’est unique au monde. Il n’y a que deux fois où ça a été arrêté, en mai 68 et pendant la crise du Covid, raconte Franck Desmedt. Sinon, ça joue tous les soirs du mardi au samedi avec un remplissage qui nous réjouit parce que les gens viennent du monde entier maintenant pour retrouver la mise en scène d’origine. »

La pièce fascine particulièrement les jeunes, qui représentent un tiers du public. Elle attire aussi de nombreux touristes et fans de tout âge, tels que Françoise, 85 ans. Elle a vu la pièce une vingtaine de fois depuis l’âge de 15 ans. “C’est le côté absurde que je trouve complètement extraordinaire, confie-t-elle. Ce n’est jamais la même chose. » 

En effet, même si la pièce n’évolue pas dans sa forme, les mots de Ionesco continuent de ravir les spectateurs.